ais surtout de 1860 a 1870, nous
retrouvons les memes croyances qui s'epanouissent en _Mademoiselle La
Quintinie_. Ce sont de fougueuses declarations contre le clericalisme,
contre "les parfums de la sacristie," particulierement dans ses lettres au
prince Jerome. "Monseigneur, lui ecrit-elle, ne laissez pas elever votre
fils par les pretres." Elle preche d'exemple dans sa famille. Maurice a
epouse civilement mademoiselle Lina Calamatta, et plus tard c'est a un
pasteur protestant qu'ils s'adressent pour benir leur mariage et baptiser
leurs enfants. "Pas de pretres, s'ecrie George Sand le 11 mai 1862, nous
ne croyons pas, nous autres, a l'Eglise catholique, nous serions
hypocrites d'y aller." Dans sa pensee, le protestantisme est une
affirmation pure et simple de deisme chretien. De la ce qu'elle appelle
"les baptemes spiritualistes" de ses petites-filles. Elle voit, avec une
sorte de prescience, l'expansion menacante des Jesuites, le reveil du
parti pretre, comme on disait sous la Restauration. Elle montre la France
envahie par les couvents et "les sales ignorantins s'emparant de
l'education, abrutissant les enfants." Dans le naufrage de sa foi
politique, il n'a surnage que l'horreur de l'intolerance et de la
superstition.
CHAPITRE XXVI
LE THEATRE
George Sand avait-elle le temperament dramatique? On en peut douter,
encore qu'elle ait remporte au theatre quelques succes authentiques et
durables. Ses comedies etaient moins favorablement accueillies par les
directeurs que ses romans par les revues et les journaux. Elle se
plaignait qu'on voulut en general, et Montigny en particulier, l'obliger a
remanier ses pieces. "Il y a pourtant, ecrivait-elle a Maurice le 24
fevrier 1855, une observation a faire, c'est que toutes les pieces qu'on
ne m'a pas fait changer: le _Champi, Claudie, Victorine_, le _Demon du
Foyer_, le _Pressoir_, ont eu un vrai succes, tandis que les autres sont
tombees ou ont eu un court succes. Je n'ai jamais vu que les idees des
autres m'aient amene le public, tandis que mes hardiesses ont passe malgre
tout. Et quelles hardiesses! Trop d'ideal, voila mon grand vice devant les
directeurs de theatre." Elle regimbe contre les projets d'_amelioration_
qu'on lui suggere ou qu'on lui impose. Les exigences de la forme scenique
l'impatientent, et elle s'ecrie: "Je suis ce que je suis. Ma maniere et
mon sentiment sont a moi. Si le public des theatres n'en veut pas, soit,
il est le maitre; mais je suis
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