r de la troupe? Le
public ne se doute guere de l'humeur veritable du joyeux Gros-Rene! le
public ne sait point que le masque qui rit et grimace est souvent colle au
visage du comedien par ses pleurs!"
Il y a, dans le bagage theatral de George Sand, trois pieces champetres,
de valeur inegale: _Francois le Champi, Claudie_ et le _Pressoir_.
_Francois le Champi_ est la plus reputee. Non qu'elle vaille le roman d'ou
elle a ete extraite, et l'on peut a ce propos se demander, selon la
formule employee dans la preface de _Mauprat_, "s'il est favorable au
developpement de l'art litteraire de faire deux coupes de la meme idee."
Le cadre romanesque ne suffisait plus aux curiosites rurales de George
Sand. Elle voulait porter a la scene les moeurs campagnardes avec la bonne
odeur des guerets et le parfum des traines berrichonnes. Elle y fut
vivement incitee par son ami, l'acteur republicain Bocage, devenu
directeur de l'Odeon. C'est a lui que sont dediees les deux prefaces de
_Francois le Champi_ et de _Claudie_. La premiere de ces oeuvres fut
representee le 25 novembre 1849 a l'Odeon, la seconde le 11 janvier 1851 a
la Porte-Saint-Martin. Elles ont d'etroites affinites.
Si la preface de _Claudie_, est un simple remerciement a Bocage qui avait
cree le role du pere Remy, celle de _Francois le Champi_ a l'allure d'un
manifeste dramatique. Sans affecter la solennite de Victor Hugo dans la
profession de foi qui accompagna _Cromwell_, George Sand apporte une
conception renouvelee du theatre. Elle introduit le paysan sur les
planches, en la place du berger et de la pastorale. Son paysan ne
ressemble en aucune maniere a celui que M. Emile Zola devait presenter
quarante ans plus tard dans le milieu naturaliste de la _Terre. Il a ses
origines chez Jean Jacques, il procede des _Confessions_, des _Reveries
d'un promeneur solitaire_ et des _Lettres de la Montagne_. On lui trouve
un air de parente avec Saint-Preux et Julie; il est d'une branche rustique
de la meme lignee. Aussi bien George Sand, alors que ses personnages
revetent des costumes et tiennent des propos champetres, demeure telle
deliberement attachee a l'ecole idealiste. Elle s'en explique sous une
forme un peu sinueuse: "L'art cherchait la realite, et ce n'est pas un mal,
il l'avait trop longtemps evitee ou sacrifiee. Il a peut-etre ete un peu
trop loin. L'art doit vouloir une verite relative plutot qu'une realite
absolue. En fait de bergerie, Sedaine, dans quelques scenes adorab
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