ne la defende pas. Les acteurs,
deconcertes par ce mauvais accueil, avaient perdu la boule et jouaient
tout de travers. Enfin, la piece a ete jusqu'au bout, tres attaquee et
tres defendue, tres applaudie et tres sifflee. Je suis contente du
resultat et je ne changerai pas un mot aux representations suivantes.
J'etais la, fort tranquille et meme fort gaie; car on a beau dire et beau
croire que l'_auteur_ doit etre accable, tremblant et agite; je n'ai rien
eprouve de tout cela, et l'incident me parait burlesque."
_Cosima_ avait pour interpretes les meilleurs artistes de la
Comedie-Francaise: Menjaud, Geffroy, Maillard, Beauvallet, madame Dorval,
alors dans toute la splendeur de son talent, et intimement liee avec
George Sand. Mais le sujet etait invraisemblable et maladroitement expose.
Cosima, epouse d'Alvice Petruccio, bourgeois et negociant de Florence, se
trouve en butte aux assiduites d'un riche Venitien, Ordonio Elisei. Il la
poursuit a l'eglise--ou se passe le premier acte--puis a la promenade; il
monte la garde sous ses fenetres. Une telle obsession d'amour voudrait le
deploiement des grandes tirades romantiques d'_Antony_, d'_Henri III et sa
Cour_, ou de _Chatterton_. Il parait que l'auteur de _Jacques_ et
d'_Indiana_ se piquait de mettre en scene l'interieur d'un menage. Son
dessein a ete mediocrement rempli; car il n'avait a sa disposition ni les
ressources d'une psychologie delicate ni l'eblouissement du dialogue. Au
denouement, Cosima s'empoisonne. Pourquoi? Ce n'est cependant pas une
Lucrece. George Sand allegue des raisons qui sont insuffisantes et mal
adaptees: "Non, dit-elle, tous les hommes d'aujourd'hui ne sont pas livres
a des pensees de despotisme et de cruaute. Non, la vengeance n'est pas le
seul sentiment, le seul devoir de l'homme froisse dans son bonheur
domestique et brise dans les affections de son coeur. Non, la patience, le
pardon et la bonte ne sont pas ridicules aux yeux de tous; et, si la femme
est encore faible, impressionnable et sujette a faiblir, dans le temps ou
nous vivons, l'homme qui se pose aupres d'elle en protecteur, en ami et en
medecin de l'ame, n'est ni lache ni coupable: c'est la l'immoralite que
j'ai voulu proclamer." Il se peut que l'auteur ait pense mettre tout cela
dans _Cosima_ et l'y ait mis en effet; mais nous avons peine a l'y
decouvrir.
En 1848, pour le Theatre de la Republique, c'est-a-dire pour la
Comedie-Francaise, George Sand composa un prologue intitule le _R
|