a ses sympathies,
avant et pendant l'Empire, pour Jerome Napoleon, le prince qui se disait
republicain. Au 10 decembre 1848, quand le suffrage universel alla jusqu'a
preferer le neveu de l'Empereur au general Cavaignac, George Sand voulut
voir dans ce resultat un triomphe, non pas de l'esprit retrograde, mais du
socialisme et meme du communisme dont alors elle etait ferue. Cette
opinion paradoxale inspire l'article intitule: _A propos de l'election de
Louis Bonaparte a la presidence de la Republique_. Trois ans plus tard, on
souhaiterait que la democrate exaltee de 1848 s'indignat devant le 2
Decembre, devant la victoire de la force brutale, le triomphe du parjure
et la violation du droit. Or, elle ecrit simplement de Nohant, le 6
decembre 1851, a son amie madame Augustine de Bertholdi: "Chere enfant,
rassure-toi. Je suis partie de Paris, le 4 au soir, a travers la fusillade,
et je suis ici avec Solange, sa fille, Maurice, Lambert et
Manceau."--Lambert etait un peintre, ami de Maurice; Manceau, un graveur,
mi-artisan, mi-artiste, qu'elle avait attache a sa personne et qui demeura
quinze ans en fonctions, lentement phtisique. Il eut le chant du
cygne.--Elle poursuit: "Le pays est aussi tranquille qu'il peut l'etre, au
milieu d'evenements si imprevus. Cela tue mes affaires qui etaient en bon
train." Voila le cri de l'egoisme ou de la lassitude! Puis elle reprend:
"N'importe! tant d'autres souffrent en ce monde, qu'on n'a pas le droit de
s'occuper de soi-meme." Et ce vague correctif est la seule protestation
que lui arrache le coup d'Etat, l'assassinat de cette Republique qu'elle a
tant aimee. Elle garde le silence, alors que partent en exil Victor Hugo,
Charras, Edgar Quinet, Barni, Emile Deschanel, et tant d'autres, les
meilleurs citoyens, demeures les serviteurs de la liberte. Elle desarme et
capitule.
Sans doute elle profite de ses relations amicales avec le prince Jerome
pour le prier d'interceder aupres de son cousin et solliciter quelques
graces en faveur de republicains livres aux commissions mixtes, et
condamnes a la prison, a la deportation ou au bannissement. Elle demande
qu'on relaxe Fleury, Perigois, Aucante. Mais, s'il faut reconnaitre la
generosite de l'intention, le ton des lettres est parfois deconcertant.
Des le 3 janvier 1852, elle s'adresse a Son Altesse le Prince Jerome
Napoleon, et les reponses inedites de son imperial correspondant
meriteraient d'etre publiees. Il ecrit le 14 janvier: "On m'a _promis
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