loir en appeler a la
justice des hommes pour reprimer un delit bien conditionne d'outrage et de
calomnie, repression qui nous serait trop facile, et qui aurait
l'inconvenient d'atteindre, dans la personne des vivants, le nom porte par
un mort illustre... On peut, ajoute-t-elle, etre _femme_ et ne pas se
sentir atteint par les divagations de l'ivresse ou les hallucinations de
la fievre, encore moins par les accusations de perversite qui viennent a
l'esprit de certaines gens habitues a trop vivre avec eux-memes." Elle
atteste qu'_Elle et Lui_ est un livre sincere--mais etait-ce un livre
utile?--elle le declare "vrai sans amertume et sans vengeance"; enfin,
elle lance cette apostrophe ou l'indignation imprime au style un
incomparable eclat: "Quant aux malheureux esprits qui viennent d'essayer
un genre nouveau dans la litterature et dans la critique en publiant un
triste pamphlet, en annoncant a grand renfort de reclames et de
declamations imprimees que l'horrible heroine de leur elucabration etait
une personne vivante dont il leur etait permis d'ecrire le nom en toutes
lettres, et qui lui ont prete leur style en affirmant qu'ils tenaient
leurs preuves et leurs details de la main d'un mourant, le public a deja
prononce que c'etait la une tentative monstrueuse dont l'art rougit et que
la vraie critique renie, en meme temps que c'etait une souillure jetee sur
une tombe. Et nous disons, nous, que le mort illustre renferme dans cette
tombe se relevera indigne quand le moment sera venu. Il revendiquera sa
veritable pensee, ses propres sentiments, le droit de faire lui-meme la
fiere confession de ses souffrances et de jeter encore une fois vers le
ciel les grands cris de justice et de verite qui resument la meilleure
partie de son ame et la plus vivante phase de sa vie. Ceci ne sera ni un
roman, ni un pamphlet, ni une delation. Ce sera un monument ecrit de ses
propres mains et consacre a sa memoire par des mains toujours amies. Ce
monument sera eleve quand les insulteurs se seront assez compromis. Les
laisser dans leur voie est la seule punition qu'on veuille leur infliger.
Laissons-les donc blasphemer, divaguer et passer." D'un dernier trait
dedaigneux, l'auteur de la preface signale qu'occupe en Auvergne a suivre
les traces d'un roman nouveau a travers les sentiers embaumes, au milieu
des plus belles scenes du printemps, "il avait bien emporte le pamphlet
pour le lire, mais il ne le lut pas. Il avait oublie son herbier, et les
pa
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