souvent detruit par l'orage qui passe."
Le drame entier des _Sept Cordes de la Lyre_ est sur ce ton metaphorique,
un peu sibyllin. Tantot, ce sont des apostrophes: "Principe eternel, ame
de l'univers, o grand esprit, o Dieu! toi qui resplendis dans ce firmament
sublime, et qui vis dans l'infini de ces soleils et de ces mondes
etincelants..." Tantot, des sentences synthetiques: "Je definis la
metaphysique l'_idee de Dieu_, et la poesie, le _sentiment de Dieu_." Ou
encore: "Vous autres artistes, vous etes des colombes, et nous, logiciens,
des betes de somme." Parfois, mais rarement, il y a un trait d'ironie: "A
quoi sert la critique? A tracer des epitaphes." Et ce passage, assez amer,
semble viser Victor Cousin, chef de l'eclectisme, irreductible adversaire
de Pierre Leroux: "Au nom de la philosophie, tel ambitieux occupe les
premieres charges de l'Etat, tandis que, martyr de son genie, tel artiste
vit dans la misere, entre le desespoir et la vulgarite."
De ci, de la, le dialogue s'emaille de morceaux d'eloquence, de maximes
d'un style noble, un peu tendu. Helene s'ecrie, en soutenant la lyre d'une
main, en levant l'autre vers le ciel: "La vie est courte, mais elle est
pleine! L'homme n'a qu'un jour, mais ce jour est l'aurore de l'eternite!"
Et la lyre resonne magnifiquement, et Hanz s'ecrie a son tour, comme
l'antistrophe succedant a la strophe: "Oui, l'ame est immortelle, et,
apres cette vie, l'infini s'ouvrira devant nous." Puis, resonne a notre
oreille, tandis que nous gravissons les pentes du Parnasse, du Pinde ou de
l'Helicon, le Choeur des esprits celestes: "Chaque grain de poussiere d'or
qui se balance dans le rayon solaire chante la gloire et la beaute de
l'Eternel; chaque goutte de rosee qui brille sur chaque brin d'herbe
chante la gloire et la beaute de l'Eternel; chaque flot du rivage, chaque
rocher, chaque brin de mousse, chaque insecte chante la gloire et la
beaute de l'Eternel! Et le soleil de la terre, et la lune pale, et les
vastes planetes, et tous les soleils de l'infini avec les mondes
innombrables qu'ils eclairent, et les splendeurs de l'ether etincelant, et
les abimes incommensurables de l'empyree, entendent la voix du grain de
sable qui roule sur la pente de la montagne, la voix que l'insecte produit
en depliant son aile diapree, la voix de la fleur qui seche et eclate en
laissant tomber sa graine, la voix de la mousse qui fleurit, la voix de la
feuille qui se dilate en buvant la goutte de rosee; e
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