est en realite une transformation de la substance et une migration.
Spiridion, a son lit d'agonie, legue cette promesse et cette certitude a
Fulgence: "Je ne m'en vais pas... Tous les elements de mon etre retournent
a Dieu, et une partie de moi passe en toi." Ainsi le spiritualisme
transcendant de Pierre Leroux rejoint l'enseignement du Christ. A defaut
du Jardin des Olives et du Golgotha, nous gardons une Cene symbolique et
une Pentecote qui veut repandre a travers le monde d'autres evangelistes.
Il n'y a pas resurrection de l'etre, mais perennite de l'esprit. A telles
enseignes que, lorsque Spiridion apparait a ses disciples, on peut se
demander si c'est par la presence reelle ou par la permanence secrete et
la survivance suprasensible. Ni Alexis ni Angel, ni George Sand ni Pierre
Leroux, ne se chargent de traduire le mythe, d'elucider le mystere.
Voici l'une de ces apparitions, a peine entrevue, bientot enfuie comme un
mirage, alors qu'Alexis, hante par la curiosite de l'inconnu, penetre dans
la bibliotheque close, reservee aux livres heretiques: "Il 'etait assis
dans l'embrasure d'une longue croisee gothique, et le soleil enveloppait
d'un chaud rayon sa lumineuse chevelure blonde; il semblait lire
attentivement. Je le contemplai, immobile, pendant environ une demi-minute,
puis je fis un mouvement pour m'elancer a ses pieds; mais je me trouvai a
genoux devant un fauteuil vide: la vision s'etait evanouie dans le rayon
solaire." Au sortir de ces hallucinations ou de ces extases, Alexis, ne
pouvant dechiffrer l'enigme de l'au dela, essaie au moins d'arracher a
l'histoire des religions le secret de leurs vicissitudes. Il etudie tour a
tour Abelard, Arnauld de Brescia, Pierre Valdo, tous les heterodoxes du
moyen age, Wiclef, Jean Huss, Luther, ainsi que les philosophes de
l'antiquite paienne. C'est la voie qui conduira George Sand, sur les
traces de Pierre Leroux, vers les prodigieux heros de la guerre des
Hussites, un Jean Ziska, un Procope le Grand, pour aboutir a la fiction de
_Consuelo_ et de la _Comtesse de Rudolstadt_. De cette peregrination, et
le P. Alexis et George Sand ont rapporte une sainte et legitime horreur
contre cette fausse orthodoxie et cette pretendue infaillibilite qui
edictent la maxime abominable: "Hors de l'Eglise, point de salut." Et
l'auteur de _Spiridion_, se substituant a son personnage, aboutit a une
conclusion aussi lamentable que patente: "Il n'y a pas de milieu pour le
catholique: il faut qu
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