nsporter leurs efforts en Orient,
de pactiser avec le gouvernement de Louis-Philippe et de negliger l'ideal
republicain. Ces compromissions-la, elle ne peut y acquiescer. Des le 15
fevrier 1836, dans l'ardeur de son premier zele de neophyte, elle ecrivait
a la famille saint-simonienne de Paris: "Fidele a de vieilles affections
d'enfance, a de vieilles haines sociales, je ne puis separer l'idee de
_republique_ de celle de _regeneration_; le salut du monde me semble
reposer sur nous pour detruire, sur vous pour rebatir. Tandis que les bras
energiques du republicain feront la _ville_, les predications sacrees du
saint-simonien feront la _cite_. Vous etes les pretres, nous sommes les
soldats."
Suit un hymne enflamme ou, republicaine, elle annonce sa foi combative en
de vagues croyances philanthropiques: "Quant a moi, solitaire jete dans la
foule, sorte de rapsode, conservateur devot des enthousiasmes du vieux
Platon, adorateur silencieux des larmes du vieux Christ, admirateur
indecis et stupefait du grand Spinoza, sorte d'etre souffrant et sans
importance qu'on appelle un poete, incapable de formuler une conviction et
de prouver, autrement que par des recits et des plaintes, le mal et le
bien des choses humaines, je sens que je ne puis etre ni soldat ni pretre,
ni maitre ni disciple, ni prophete ni apotre; je serai pour tous un frere
debile, mais devoue; je ne sais rien, je ne puis rien enseigner; je n'ai
pas de force, je ne puis rien accomplir. Je puis chanter la guerre sainte
et la sainte paix; car je crois a la necessite de l'une et de l'autre. Je
reve dans ma tete de poete des combats homeriques, que je contemple le
coeur palpitant, du haut d'une montagne, ou bien au milieu desquels je me
precipite sous les pieds des chevaux, ivre d'enthousiasme et de sainte
vengeance. Je reve aussi, apres la tempete, un jour nouveau, un lever de
soleil magnifique; des autels pares de fleurs, des legislateurs couronnes
d'olivier, la dignite de l'homme rehabilitee, l'homme affranchi de la
tyrannie de l'homme, la femme de celle de la femme, une tutelle d'amour
exercee par le pretre sur l'homme, une tutelle d'amour exercee par l'homme
sur la femme; un gouvernement qui s'appellerait _conseil_ et non pas
_domination, persuasion_ et non pas _puissance_. En attendant, je
chanterai au diapason de ma voix, et mes enseignements seront humbles; car
je suis l'enfant de mon siecle, j'ai subi ses maux, j'ai partage ses
erreurs, j'ai bu a toutes ses s
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