irables ecrits rendirent a mon esperance la flamme prete a
s'eteindre."
Durant les six ou sept annees qui suivirent 1835, ce fut chez George Sand
une adhesion sans reserve aux doctrines propagees par l'auteur des
_Paroles d'un Croyant_. Dans la septieme des _Lettres d'un Voyageur_, elle
celebre "la probite inflexible, l'austerite cenobitique, le travail
incessant d'une pensee ardente et vaste comme le ciel; mais, poursuit-elle,
le sourire qui vient tout d'un coup humaniser ce visage change ma terreur
en confiance, mon respect en adoration." Elle unit alors dans un meme
culte Lamennais et Michel (de Bourges), l'ecrivain et l'orateur qui font
vibrer en elle les cordes secretes. "Les voyez-vous, s'ecrie-t-elle, se
donner la main, ces deux hommes d'une constitution si frele, qui ont paru
cependant comme des geants devant les Parisiens etonnes, lorsque la
defense d'une sainte cause les tira dernierement de leur retraite, et les
eleva sur la montagne de Jerusalem pour prier et pour menacer, pour benir
le peuple, et pour faire trembler les pharisiens et les docteurs de la loi
jusque dans leur synagogue?"
Entre tous les jugements litteraires portes par George Sand sur le
caractere et le genie de Lamennais, le plus decisif est celui qu'elle
formula dans un article de la _Revue Independante_ de 1842. Elle y
analysait l'oeuvre etrange et vigoureuse qu'il venait de publier sous ce
titre symbolique: _Amschaspands et Darvands_--c'est-a-dire les bons et les
mauvais genies. Et George Sand, spirituelle et malicieuse contre son
ordinaire, proposait de traduire ainsi en francais moderne, pour etre
compris du _Journal des Debats_ et de la presse conservatrice: _Chenapans
et Pedants_. Cet article, apres une sortie vehemente contre le
gouvernement de Louis-Philippe qui est accuse de corruption et de venalite,
contient une eloquente apologie de Lamennais: "Ecoutez avec respect la
voix austere de cet apotre. Ce n'est ni pour endormir complaisamment vos
souffrances, ni pour flatter vos reves dores que l'esprit de Dieu l'agite,
le trouble et le force a parler. Lui aussi a souffert, lui aussi a subi le
martyre de la foi. Il a lutte contre l'envie, la calomnie, la haine
aveugle, l'hypocrite intolerance. Il a cru a la sincerite des hommes, a la
puissance de la verite sur les consciences. Il a rencontre des hommes qui
ne l'ont pas compris, et d'autres hommes qui ne voulaient pas le
comprendre, qui taxaient son male courage d'ambition, sa candeur d
|