erbal de leurs depositions,
d'ailleurs probantes, ayant ete communique a la partie sans qu'il y eut de
reponse, le 16 fevrier, sur les conclusions favorables du ministere public,
le tribunal rendit un jugement par defaut qui declarait bien fondes et
etablis par l'enquete les griefs de madame Dudevant. La separation de
corps etait prononcee, un notaire commis pour proceder au partage de la
communaute et aux reprises. Casimir Dudevant ne comparut pas chez le
notaire. Et le 26 fevrier, George Sand, tout heureuse d'avoir la garde de
son fils et de sa fille, mandait a madame d'Agoult: "Grace a Dieu, j'ai
gagne mon proces et j'ai mes deux enfants a moi. Je ne sais si c'est fini.
Mon adversaire peut en appeler et prolonger mes ennuis." M. Dudevant, en
effet, qui des le debut de l'instance avait resigne ses fonctions de maire
de Nohant et s'etait installe a Paris, changea soudain de tactique.
Stimule par sa belle-mere, la baronne Dudevant, et peut-etre aussi par la
mere d'Aurore, l'etrange madame Dupin, il interjeta, le 8 avril,
opposition aux jugements intervenus, en invoquant des vices de procedure
et en reclamant une contre-enquete. On plaida, les 10 et 11 mai, devant le
tribunal de premiere instance de La Chatre. Me Michel (de Bourges) etait a
la barre pour madame Dudevant, et Me Vergne pour le mari.
L'avocat de M. Dudevant se borna a traiter le point de droit; il demanda
la nullite de la procedure. Michel (de Bourges), au contraire, abordant le
fond du debat, montra ce mari ivrogne, brutal, debauche, qui laissait
toute liberte a sa femme, a la seule condition de jouir de l'integralite
des revenus. Il etait complaisant, parce qu'il etait cupide et rapace.
Puis, prenant la requete du 14 avril, a laquelle son confrere avait a
peine ose faire allusion, Michel en signala les imputations ignominieuses,
dont la plus infame rappelait l'accusation dirigee contre
Marie-Antoinette. Il evoqua et fit sienne la fameuse reponse de la reine:
"J'en appelle a toutes les meres." Et il s'indigna que M. Dudevant voulut
obliger sa femme a reintegrer le domicile conjugal, apres l'avoir menacee
de mort, mais surtout apres l'avoir epouvantablement offensee et suspectee
des vices les plus ignobles.
Le tribunal de La Chatre donna gain de cause, en droit a M. Dudevant, en
fait a la partie adverse. L'opposition etait admise pour irregularites de
procedure; mais, a raison des imputations diffamatoires de l'acte du 14
avril--calomnies de servantes con
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