ns vergogne.
Les plaidoiries occuperent les deux audiences des 25 et 26 juillet 1836.
M. Mater, premier president, dirigeait les debats dont nous trouvons un
compte-rendu dans les deux grands journaux judiciaires, la _Gazette des
Tribunaux_ et le _Droit_. La curiosite publique etait violemment
surexcitee. "Depuis longtemps, dit le chroniqueur de la _Gazette_, on
n'avait vu une foule aussi considerable assieger les portes du Palais de
Justice pour une affaire civile... L'auteur d'_Indiana_, de _Lelia_ et de
_Jacques_ etait assise derriere son avocat, Me Michel (de Bourges). Des
Parisiens ne l'auraient peut-etre pas reconnue sous ce costume de son sexe,
accoutumes qu'ils sont a voir cette dame, dans les spectacles et autres
lieux publics, avec des habits masculins et une redingote de velours noir,
sur le collet de laquelle retombent en boucles ondoyantes les plus beaux
cheveux blonds (_ils etaient bruns_) que l'on puisse voir. Elle est mise
avec beaucoup de simplicite: robe blanche, capote blanche, collerette
tombant sur un chale a fleurs." Est-ce bien la une toilette severe pour
proces en separation de corps? Et le redacteur judiciaire ajoute: "Cette
dame semble n'etre venue a l'audience que pour y trouver quelques
eloquentes inspirations contre l'irrevocabilite des unions mal assorties."
L'avocat de l'appelant, Me Thiot-Varennes, prit d'abord la parole. Voici
les principaux passages de sa plaidoirie: "M. Dudevant aimait sa femme, il
s'en croyait aime, et jusqu'en 1825 rien n'avait trouble le bonheur de
cette union. Mais deja l'humeur inquiete, le caractere aventureux de
madame Dudevant presageaient que cette felicite ne serait pas durable.
Elle eprouvait un ennui profond, un degout de toutes choses. Elle croyait
que le bonheur etait la ou il n'etait pas; elle demandait ce bonheur a
tout; elle ne le trouvait nulle part; car son ame ardente et mobile
n'avait pu comprendre qu'on ne saurait le gouter hors de l'accomplissement
de ses devoirs. Un evenement malheureux vint donner carriere aux desirs
impetueux de cette imagination exaltee et jeta l'amertume dans le coeur de
M. Dudevant. Madame Dudevant fit un voyage a Bordeaux. Entrainee par des
penchants qu'elle ne voulut point dominer, elle concut une passion, elle y
ceda. M. Dudevant apprit bientot qu'il etait trahi par celle qu'il
adorait. Il sut tout et, maitrise par son amour et par sa tendresse
conjugale, il pardonna tout. Madame Dudevant fut touchee de cet exces de
gene
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