n du peuple. S'il
y a un bouleversement, je pense que cet homme fera beaucoup de bruit. Le
connais-tu?" Michel (de Bourges) sera l'inspirateur politique de George
Sand, l'ame de ses romans humanitaires, en meme temps que son avocat dans
le proces en separation de corps contre Casimir Dudevant. Le dissentiment
conjugal, en effet, ne tardera pas a se produire a la barre des tribunaux.
Des vengeances de domestiques congedies, et particulierement d'une
certaine femme de chambre, Julie, qui menait Solange a coups de verges
durant l'absence de la mere, aigrirent la debonnairete sournoise et lache
de M. Dudevant. Ayant du gout pour ce qu'on a appele les amours
ancillaires et ce qu'un realiste nommerait "les poches grasses," il
correspondit avec la Julie, apres qu'elle eut quitte son service. "Je ne
prevoyais pas, relate George Sand dans l'_Histoire de ma Vie_, que mes
tranquilles relations avec mon mari dussent aboutir a des orages. Il y en
avait eu rarement entre nous. Il n'y en avait plus, depuis que nous nous
etions faits independants l'un de l'autre. Tout le temps que j'avais passe
a Venise, M. Dudevant m'avait ecrit sur un ton de bonne amitie et de
satisfaction parfaite, me donnant des nouvelles des enfants, et
m'engageant meme a voyager pour mon instruction et ma sante." De vrai, il
aimait mieux, suivant le train de ses vulgaires habitudes, que sa femme
fut au loin qu'a Nohant. Il livrait la maison et Solange a la direction
des domestiques, et laissait toute latitude a George Sand, pourvu qu'elle
ne lui demandat pas d'argent et vecut du produit de sa plume. Des
difficultes d'ordre financier surgirent entre eux, des le printemps de
1835. A ce sujet, elle ecrit, le 20 mai, a Alexis Duteil: "Ma profession
est la liberte, et mon gout est de ne recevoir ni grace ni faveur de
personne, meme lorsqu'on me fait la charite avec mon argent. Je ne serais
pas fort aise que mon mari (qui subit, a ce qu'il parait, des influences
contre moi) prit fantaisie de se faire passer pour une victime, surtout
aux yeux de mes enfants, dont l'estime m'importe beaucoup. Je veux pouvoir
me faire rendre ce temoignage, que je n'ai jamais rien fait de bon ou de
mauvais, qu'il n'ait autorise ou souffert." Casimir Dudevant appartenait a
ce genre trop commun d'hommes supremement illogiques, definis par George
Sand dans une lettre du mois de juin 1835, "qui ne veulent plus de femmes
devotes, qui ne veulent pas encore de femmes eclairees, et qui veulent
toujo
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