te 204: _Introd_., p. 1046-1052. C'est dans une epitre a Eustochius
que saint Jerome raconte cette singuliere histoire, et il ne souffre
pas qu'on la prenne pour une vision ou un songe; car il assure qu'a son
reveil il se ressentait des coups qu'il avait recus, et que son corps
on partait les marques. (T. IV, part. II, ep. Xviii ad Eustoch., _De
custodia virginatis_.)]
"Pour moi donc, je pense que l'etude d'aucun art ne doit etre interdite
a un homme religieux, a moins qu'elle ne l'empeche de se livrer a
quelque chose de plus utile, d'apres la regle commune dans les lettres
qu'il faut interrompre ou meme abandonner ce qui est moins important
pour ce qui l'est davantage. Quand il n'y a ni faussete dans la
doctrine, ni deshonnetete dans l'expression, comment n'y aurait-il
aucune utilite dans la science? comment meriter des reproches pour
l'avoir apprise ou enseignee, si, comme il vient d'etre dit, rien de
meilleur n'a ete neglige ou delaisse pour elle? Personne en effet ne
pretendra qu'une science soit une mauvaise chose, meme celle du mal,
laquelle est necessaire au juste, non certes pour faire le mal, mois
pour se premunir contre le mal connu d'avance par la pensee. Ce n'est
pas un mal que de connaitre le dol ou l'adultere, mais de les commettre;
car la connaissance en est bonne, quoique l'action en soit mauvaise,
et nul ne peche en connaissant le peche, mais en le commettant. Si la
science etait un mal, c'est qu'il y aurait des choses qu'il serait mal
de savoir: mais alors on ne pourrait absoudre de quelque malice Dieu qui
sait tout; car la plenitude des sciences est en celui-la seul de qui
toute science est un don. La science est la comprehension de tout ce qui
existe, et elle discerne, selon la verite, toutes choses, se rendant
en quelque sorte presentes celles meme qui ne sont pas; voila pourquoi
quand on enumere les dons de l'esprit de Dieu, on l'appelle l'esprit de
science. Or, de meme que la science du mal est bonne, etant necessaire
pour eviter le mal, il est certain que la puissance ou faculte du mal
est egalement bonne, etant necessaire pour meriter, Si nous ne pouvions
pecher, nous n'aurions aucun merite a ne le point faire; a celui qui
manque du libre arbitre, aucune recompense n'est due pour des actions
forcees.... Aucune science ou puissance n'est donc mauvaise, quelque
mauvais qu'en soit l'emploi; aussi est-ce Dieu qui donne toute science,
et regle toute puissance. C'est pourquoi nous approuvons les scien
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