cesse d'etre merveilleuse, et que la foi est sans merite,
quand la raison humaine lui prete ses preuves[209]. L'on en conclut
que rien de ce qui appartient a la foi ne doit etre soumis aux
investigations de la raison, et qu'il faut croire immediatement a
l'autorite, meme dans les choses qui paraissent le plus eloignees de la
raison humaine. Mais on peut trouver des citations opposees dans les
Peres, Jerome, Hilaire, Augustin, Isidore et Gregoire lui-meme. Leur
exemple a tous est une autorite contraire. Comment, d'ailleurs, eclairer
un idolatre, convertir un incredule? Dans toute discussion, on commence
par persuader au nom de la raison.
[Note 208: Cf. _Theol. Christ._, t. III, p. 1261; et Fr. Frerichs,
_Commentat. Theo. crit. de Ab. Doct._ p. 8. Jana, 1827.]
[Note 209: Homil. XXVI. _S. Greg. pap. I. cogn. Magn. Op._, t. II.,
Parla, 1705. Cette opinion de saint Gregoire a ete souvent citee ci
discutee. Saint Thomas decide que la raison inductive (c'est son
expression) diminue ou detruit le merite de la foi, lorsqu'elle est
invoquee pour la determiner, mais non quand elle sert a l'eclairer et a
l'affermir. (_Sec. sec._. qu. ii, a. 10)]
"On ne croit point une chose parce que Dieu l'a dite, on l'accepte parce
que la raison est convaincue.... Tels sont les commencements de la foi,
et s'ils n'ont absolument aucun merite, on ne peut cependant declarer
inutile une foi bientot suivie de la charite, qui lui donne ce qui lui
manque. Il est ecrit dans l'Ecclesiastique: _Qui croit vite est leger de
coeur et sera diminue._ (XIX, 4.) Celui-la croit vite ou aisement qui
acquiesce sans discernement et sans prevoyance aux premieres choses
qu'on lui dit, sans en discuter la valeur, sans savoir s'il convient
d'y ajouter foi.... C'est souvent pour se consoler de son incapacite,
qu'apres avoir essaye d'enseigner en matiere de foi des choses
intelligibles et s'etre trouve insuffisant, on recommande cette ferveur
de foi qui croit aux choses avant de les comprendre et de savoir si
elles en valent la peine.
"C'est principalement de la nature de la divinite et de la distinction
des personnes de la Trinite qu'on dit qu'elles ne peuvent etre comprises
en cette vie, et que les comprendre, c'est precisement le partage de
la vie eternelle. _Haec, est autem vita, aeterna, ut cognoscam te Deum
verum et quem misisti Jesum Christum_, et ailleurs: _manifestabo eis
meipsum_. (Jean, XIV, 21, et XVII, 3.) Mais autre est comprendre ou
croire, autre es
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