les heretiques la glaive des raisons humaines avec lequel ils nous
combattent, nous detruisons la force et l'armee de leurs arguments
contre le Seigneur, afin qu'ils soient moins presomptueux dans leurs
attaques contra la simplicite des fideles, on se voyant refutes sur les
points ou il leur parait le moins possible de leur repondre, savoir
cette diversite de personnes dans une substance simple et indivisible,
la generation du Verbe, la procession de l'Esprit. Non que nous
promettions d'enseigner la verite sur tout cela; nous ne croyons pas
que nous, non plus qu'aucun mortel, y puissions suffire; mais du moins
voudrions-nous opposer quelque chose da vraisemblable, de voisin de la
raison humaine, et qui ne fut pas contraire a la foi, a ceux qui se font
gloire de vaincre la foi par les raisons humaines, qui ne sont touches
que des raisons humaines parce qu'ils les connaissent, et qui trouvent
facilement de nombreux approbateurs, presque tous les hommes etant de
nature animale, fort peu de nature spirituelle... Loin de nous donc la
pensee que Dieu, qui use bien des mauvaises choses, n'ait pas dispose
egalement bien les arts qui sont des dons de la grace, pour qu'ils
servissent aussi a soutenir sa divine majeste. Les arts du siecle, et
enfin la dialectique elle-meme ont ete juges par saint Augustin et tes
autres docteurs ecclesiastiques fort necessaires a l'Ecriture sainte.
Sans doute on peut trouver des autorites contraires; aux passages
formels et nombreux de saint Augustin, on peut en opposer de fort
differents de saint Jerome..... Mais le synode du pape Eugene au temps
de Louis[203] a positivement ordonne l'etude et l'enseignement des
lettres et des arts liberaux..... et si saint Jerome a ete repris et
_flagelle_ par le Seigneur pour avoir lu les ouvrages de Ciceron,
c'est qu'il les lisait uniquement pour son plaisir et par gout pour
l'eloquence[204].
[Note 203: _Synodus Eugenii papae tempore Ludovici_. (Ibid., p. 1040.)
C'est la concile de Rome en 823 tenu par Eugene II au temps de Louis
le Debonnaire. On lit au canon XXXIV du 16 novembre: "In universis
episcopiis subjectisque plehibu et aliis locis in quibus necessitas
occurrerit, omnium cura et diligentia habentur ut magistri et doctores
constituantur qui studia litterarum liberaliumque artium, as sancta
habentes dogmate, assidue deceant, quia in his maxime divina
manifestatur atque declarantur mandata." (_Sac. Concil_., t. VII, p.
1557, et t. VIII, p. 112.)]
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