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mais nous resistons aux mensonges de ceux qui en abusent..... Je suppose
qu'aucun homme verse dans les lettres saintes n'ignore que les nommes
spirituels ont fait plus de progres dans la doctrine sacree par l'etude
de la science que par le merite religieux, et que plus un homme parmi
eux a ete docte avant sa conversion, plus il a eu de valeur pour les
choses saintes. Quoique Paul ne paraisse pas un plus grand apotre en
merite que Pierre, ni Augustin un plus grand confesseur que Martin,
cependant l'un et l'autre apres leur conversion recurent d'autant
plus largement la grace de la doctrine, qu'auparavant ils excellaient
davantage dans la connaissance des lettres. Ainsi, par une dispensation
de Dieu, ce qui recommande l'elude des lettres profanes, ce n'est pas
seulement l'utilite qu'elles contiennent, c'est aussi qu'elles ne
paraissent pas etrangeres aux dons de Dieu, comme elles le seraient s'il
ne s'en servait pour aucun bien. Nous connaissons cependant le mot de
l'apotre, _scientia inflat_, la science engendre l'orgueil. Mais ce qui
doit precisement la convaincre d'etre une bonne chose, c'est qu'elle
entraine au mal de l'orgueil celui qui a conscience de la posseder.
Comme il y a quelques bonnes choses qui viennent a certains egards
du mal, il y en a de mauvaises qui tirent leur origine du bien. La
penitence ou la satisfaction par la peine, qui sont bonnes, accompagnent
le mat commis au point d'en avoir besoin pour naitre. L'envie et
l'orgueil, qui sont de tres-mauvaises choses, proviennent des bonnes.
Ce Lucifer, etoile du matin, fut d'autant plus enclin a l'orgueil qu'il
etait superieur aux esprits angeliques par l'eclat de sa sagesse ou de
sa science; et pourtant cette sagesse ou cette science de la nature des
choses qu'il avait recue de Diou, il serait peu convenable de l'appeler
mauvaise; c'est lui qui dans son orgueil en a mal use. (Isaie, xiv, 42.)
Quand un homme s'enorgueillit de sa philosophie ou de sa doctrine, nous
ne devons pas inculper la science, pour un vice qui s'y rattache; mais
il faut peser chaque chose en elle-meme, pour ne pas encourir par un
jugement imprudent cette malediction prophetique: _Malheur a ceux qui
disant le bien mal et le mal bien, prennent la lumiere pour les tenebres
et les tenebres pour la lumiere!_ Que ce peu de mots nous suffisent
contre ceux qui, cherchant une consolation a leur inhabilite, murmurent
aussitot que, pour eclaircir notre pensee, nous empruntons des exemples
ou
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