diquer une sorte de revelation de sa
divinite sainte. On peut dire meme que l'incarnation a ete annoncee
par la sibylle plus clairement qu'elle ne l'est dans quelques-uns des
prophetes, et l'on ne saurait s'etonner que _le plus grand de tous
les philosophes_ ait paru atteindre l'idee essentielle de la Trinite,
lorsqu'au Dieu supreme il ajoute et cette intelligence, ce [Grec: Nous]
ne de Dieu et coeternel a lui, et cette ame du monde qui est la vie et
le salut de tout ce qui existe. Ne croit-on pas reconnaitre la le Verbe
et l'amour? Le Fils est le [Grec: Nous], le Saint-Esprit est cette ame
du monde, nee de Dieu et de son intelligence. "Dans le vrai, la Trinite
divine n'est bien connue que d'elle-meme." Nous ne pouvons la dignement
concevoir, nous n'y suffisons point. Les expressions de Platon peuvent
donc etre prises pour une image de la Trinite, des la seulement qu'elles
lui sont applicables. Lorsque les philosophes parlaient de l'ame ou de
Dieu, ils etaient souvent obliges de voiler leur pensee. Nomment-ils ce
Dieu supreme, qu'ils appellent le bien, le principe universel, ou cette
intelligence eternelle qui contient les types originels des choses ou
les idees, ils ne se servent d'aucune fiction; mais veulent-ils aller
plus loin, il leur faut recourir aux images, aux similitudes. La raison
prescrit donc de chercher le sens cache de leurs expressions et de
leurs emblemes; car si l'on ne supposait pas qu'un sens mysterieux est
enveloppe dans quelques-unes des opinions de Platon, _le plus grand des
philosophes serait le plus grand des sots, summus stultorum_. Comment
serait-ce faire violence au vrai que de ramener les expressions des
sages a la foi chretienne? Le Saint-Esprit a profere par la voix de
Caiphe une prophetie a laquelle celui qui l'inspirait et celui qui la
prononcait attachaient un sens fort different. (Jean, xi, 54.) Saint
Gregoire dit qu'il ne faut rien repousser de ce qui ne repugne pas a la
foi[198]. C'est un fait que la doctrine platonicienne s'est toujours
accordee avec le dogme de la Trinite, et si les abeilles deposerent
le miel sur les levres de Platon enfant, endormi dans son berceau, ce
prodige n'annoncait pas la douceur de son eloquence, mais bien plutot
que Dieu revelerait par sa bouche les mysteres de sa divinite. Il
fallait, en effet, qu'a la plus grande sagesse, qui est Jesus-Christ, ce
fut le plus grand des philosophes qui rendit temoignage[199].
[Note 197: L'abrege dont nous avons parle p.
|