tributions qui sont _appropriees_
sans etre _propres_. Le point original comme aussi le point hasarde est
le parti qu'il a tire de ces attributions que l'Eglise en general
ne regarde pas comme constitutives, et dont elle ne deduit pas de
consequences importantes. Nous touchons ici a la nouveaute principale de
toute la doctrine, et a l'origine des censures qu'elle a encourues. Nous
y reviendrons.]
Peut-etre serait-il plus exact de dire que le Pere, par la
toute-puissance qui lui est attribuee en propre, engendre la sagesse,
comme un fils, la sagesse divine etant quelque chose de la divine
toute-puissance, etant elle-meme une certaine puissance; car elle est
une puissance de discerner, la puissance en Dieu de discerner et de
connaitre tout parfaitement.
L'Ecriture en divers passages parait prouver que nommer la puissance
du Seigneur, c'est nommer la puissance divine, d'ou est nee la divine
sagesse; dire Dieu le fils, c'est nommer la sagesse divine, nee de la
divine puissance; nommer le Saint-Esprit, c'est nommer la charite de la
bonte divine, qui procede pareillement du Pere et du Fils[196].
[Note 196: _Introd., t. 1, p. 988-996.]
Mais a ces temoignages des ecrivains sacres, il plait a Abelard d'unir
ceux des philosophes, "puisque c'est a des philosophes qu'il a affaire,
a ceux du moins qui tachent d'attaquer notre foi par des citations
philosophiques. Nul, en effet, ne peut etre accuse et persuade que par
des raisons qu'il accepte, et la confusion est grande d'etre vaincu par
ou l'on esperait vaincre." D'ailleurs les vertus des philosophes ont ete
louees par de saints docteurs. Non-seulement ils se sont eleves a une
vie pure, mais encore a l'intelligence d'un Dieu unique. Les autorites
ne manquent point pour prouver qu'ils ont connu l'ouvrier a son ouvrage.
Ne put-on les citer comme des modeles de la vie, on pourrait encore
s'instruire a leurs lecons. Dieu peut nous vouloir eclairer par
l'intermediaire d'indignes ministres; tout lui est bon pour toucher nos
esprits et nos coeurs. "S'il ne faisait les grandes choses que par les
grands hommes, la reconnaissance s'adresserait a eux plus qu'a lui." (P.
1006.) D'ailleurs saint Jerome nous dit de ne pas desesperer du salut de
tous les philosophes qui sont venus avant l'incarnation. On sait comment
saint Augustin s'exprime sur Socrate[197]. Platon parle de Dieu, du
culte qui lui est du, de la priere qui l'invoque, de la vertu qui lui
plait, en des termes qui semblent in
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