te des proprietes nait la distinction des personnes; elle est
telle que cette personne-ci est autre, mais non autre chose que cette
personne-la; comme un homme differe d'un homme personnellement et non
substantiellement, en tant que celui-ci n'est pas celui-la, quoiqu'etant
ce qu'est celui-la, c'est-a-dire identique de substance et non de
personne[192]."
[Note 192: _Introd._, I. I, p. 917-983. On pourrait voir la un realisme
tres-prononce, car Abelard semble admettre ici l'identite de substance
entre deux hommes: mais il peut n'entendre que l'identite de nature, et
non l'identite numerique. Il est vrai qu'alors la comparaison n'est plus
exacte par rapport a la Trinite; mais, comme on le verra, elle est recue
et presque triviale dans la question et ne doit pas etre reprochee a
notre auteur.]
Le propre du Pere est d'etre inengendre (improduit, _ingenitus_),
c'est-a-dire d'exister par soi et non par un autre, comme le propre du
Fils est d'etre engendre, et du Saint-Esprit, non pas d'etre engendre,
mais de proceder, sans que le Saint-Esprit ou le Fils soient faits ou
crees. Le Pere est donc le principe de la divinite. (Saint Augustin, _De
Trin._, IV, xx.) Mais sa divinite est dans chacune des trois personnes,
chacune est Dieu, Seigneur, Createur; en ce sens, la Trinite est
indivise (proprement individu, _individua_). Mais aucune des trois
personnes n'etant l'une ou l'autre personne, une seulement etant dite
inengendree, une engendree, une procedant, il suit qu'il n'y a pas en
elles pluralite de choses ou pluralite substantielle, mais pluralite
de proprietes: chacune est personne, mais point de la meme maniere que
chacune est Dieu. Tout ce qui appartient a la personne est propre, tout
ce qui appartient a Dieu, tout ce qui est absolument divin est commun
a toutes, comme la gloire, la volonte, l'operation. "Tel est," dit
Abelard, "le resume de la foi touchant l'unite et la trinite, qu'il
nous faut etablir et fortifier par des exemples et des similitudes
convenables contre les inquisitions de ceux qui doutent. Que sert, en
effet, pour la doctrine, de parler, si ce que nous voulons enseigner ne
peut etre expose de facon a etre compris[193]?"
[Note 193: Ces idees generales sur la Trinite n'ont rien d'original, non
plus que de hasarde. Abelard les emprunte surtout a saint Augustin qui
lui-meme les a plutot remaniees qu'inventees. On peut les retrouver
exposees avec soin et developpement dans la _Somme_ de saint Thomas.
(Pars
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