n, l'elegance; soit qu'il
n'avouat pas un texte irregulierement publie, et qui d'ailleurs n'est
parvenu jusqu'a nous ni complet ni correct; soit enfin que la prudence
ou la reflexion eut modifie ses idees ou son caractere, il a traite de
nouveau le meme sujet dans un ouvrage dont l'ordonnance parait meilleure
et la diction plus travaillee; c'est la _Theologie chretienne_, que nous
n'avons pas non plus tout entiere. Mais lorsque vers 1140, c'est-a-dire
dix-huit ou vingt ans apres la composition de l'Introduction, Guillaume
de Saint-Thierry en denonca l'auteur a saint Bernard, c'est sur cet
ouvrage qu'il fonda principalement son accusation, quoiqu'il y comprit
la Theologie chretienne. Sans tenir aucun compte des modifications, ou
plutot des precautions de doctrine que celle-ci pouvait presenter, il ne
voit entre les deux livres qu'une difference de volume: l'un, dit-il,
contient plus et l'autre moins.[189] C'est aussi l'Introduction que
saint Bernard parait avoir eue sous les yeux et que le concile de Sens a
surtout condamnee, du moins en ce qui concerne la Trinite ou la nature
de Dieu. C'est donc l'ouvrage qu'il faut bien faire connaitre, comme le
plus propre a reveler la theologie d'Abelard.
[Note 187: _Ab. Op._, op. i, p. 19 et 20, et 1.1 du present ouvrage, p.
75.]
[Note 188: Mag. P, Abael, nannetensis Introductio ad theologiam divin in
III libros. (_Ab. Op._, p. 973-1136.)]
[Note 189: S. Bern, _Op._, op. CCCXVI.--_Bibl. cistero._, t. IV, p. 112,
et ci-dessus, t. I, p. 183.]
Malheureusement, quoique etendu, il n'est pas complet, mais il en a
ete retrouve recemment un abrege compose, selon toute apparence,
par Abelard, ou du moins sous ses yeux, et nous pouvons retablir la
substance et l'ordonnance de ce qui nous manque de l'ouvrage principal.
Le salut de l'homme, suivant notre auteur, depend de trois choses, la
foi, la charite, le sacrement. La foi, qui contient l'esperance,
comme le genre contient l'espece, est l'estimation des choses qui
n'apparaissent pas[190], c'est-a-dire qui ne sont pas soumises aux sens
du corps.
[Note 190: "Existimatio rerum non apparentium." _Introd_, p. 977. Le mot
d'_existimatio_ repond a celui de saint Paul [Grec: Elenchos],
traduit dans la Vulgate par _argumentum_, et dans saint Augustin par
_convictio_. C'est cette derniere Idee que voulait rendre Abelard; on
a vu que pour lui estimation, Equivalent d'_opinio_, [Grec: doxa],
s'alliait naturellement, d'apres l'autorite d'Aris
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