philosophie, sur les
lettres seculieres; il leur semblait qu'il serait bien plus facile a son
esprit de penetrer le sens de l'Ecriture sainte et les raisons de notre
foi qu'il ne le lui avait ete de tarir, comme ils le disaient, les puits
de l'abime philosophique. Le but de la course, le fruit du travail ne
devait-il pas etre, en definitive, l'etude de Dieu, a qui tout doit etre
rapporte? Pourquoi a-t-il ete permis aux fideles d'etudier les arts
profanes et les ouvrages des Gentils, si ce n'est pour y trouver et
ces formes de langage, et ces procedes de raisonnement, et cette
connaissance prealable de la nature des choses, qui peuvent servir soit
a comprendre et a orner la sainte Ecriture, soit a en etablir et a
en defendre la verite? Plus la foi chretienne semble embarrassee de
questions ardues, plus elle doit etre munie d'un rempart de fortes
raisons, surtout contre les attaques de ceux qui font profession d'etre
philosophes; plus de leur part l'inquisition est subtile et sait rendre
les solutions difficiles, plus elle est propre a troubler la simplicite
de notre foi. Ils ont donc, ces ecoliers, juge capable de resoudre
toutes ces controverses celui que l'experience leur a fait connaitre
pour verse des le berceau dans l'etude de la philosophie et
principalement de la dialectique, cette maitresse en tout raisonnement,
et ils l'ont unanimement supplie de faire valoir le talent que Dieu lui
a remis, puisqu'on ignore quand ce juge redoutable en demandera compte
avec les interets. (Math., XXV, 15.) Ils ajoutent que cela convient a
l'age et a la profession d'un homme qui, changeant de moeurs, d'habit,
de travaux, prefere desormais les choses divines aux choses humaines
et delaisse le siecle pour se donner tout a Dieu. Apres avoir jadis
embrasse l'etude pour gagner de l'argent, il faut la faire servir
maintenant a gagner des ames: c'est bien le moins que de venir a la
onzieme heure cultiver la vigne du Seigneur. A ces frequentes instances
de ses disciples, si, par raison ou par faiblesse, il ne se rend pas
pleinement, il accorde enfin d'entreprendre l'oeuvre selon ses forces,
ou plutot avec l'aide suppletive de la grace divine, ne promettant pas
tant de dire la verite que d'exposer, comme on le lui demande, le sens
de ses opinions.
[Note 185: _Ab. Op._, pars II. _Introd. in prol._, p. 973-976.]
"Que si dans cet ouvrage," ajoute-t-il, "mes fautes veulent, ce qu'a
Dieu ne plaise, que je m'ecarte de la pensee ou de l'expres
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