oujours aux pretres qui
vous accusent d'etre impies, parce qu'on ne croit pas a leurs dogmes: NOUS
CROYONS EN DIEU.
Ils avaient encore d'autres motifs de prendre une grande mesure a l'egard
du culte. On avait aboli les ceremonies de la Raison; il fallait des fetes
pour les jours de decade; et il importait, en songeant aux besoins moraux
et religieux du peuple, de songer aussi a ses besoins d'imagination, et de
lui donner des sujets de reunions publiques. D'ailleurs, le moment etait
des plus favorables: la republique, victorieuse a la fin de la campagne
precedente, commencait a l'etre encore au debut de celle-ci. Au lieu du
denuement de moyens dans lequel elle se trouvait l'annee derniere, elle
etait, par les soins de son gouvernement, pourvue des plus puissantes
ressources militaires. De la crainte d'etre conquise, elle passait a
l'espoir de conquerir; au lieu d'insurrections effrayantes, la soumission
regnait partout. Enfin si, a cause des assignats et du _maximum_, il y
avait encore de la gene dans la distribution interieure des produits, la
nature semblait s'etre plu a combler la France de tous les biens, en lui
accordant les plus belles recoltes. De toutes les provinces on annoncait
que la moisson serait double, et mure un mois avant l'epoque accoutumee.
C'etait donc le moment de prosterner cette republique sauvee, victorieuse
et comblee de tous les dons, aux pieds de l'Eternel. L'occasion etait
grande et touchante pour ceux de ces hommes qui croyaient; elle etait
opportune pour ceux qui n'obeissaient qu'a des idees politiques.
Remarquons une chose bien singuliere. Des sectaires pour lesquels il
n'existait plus aucune convention humaine qui fut respectable; qui, grace a
leur mepris extraordinaire pour tous les autres peuples, et a l'estime dont
ils etaient remplis pour eux-memes, ne redoutaient aucune opinion, et ne
craignaient pas de blesser celle du monde; qui, en fait de gouvernement,
avaient tout reduit a l'absolu necessaire; qui n'avaient admis d'autre
autorite que celle de quelques citoyens temporairement elus; qui avaient
rejete toute hierarchie de classes; qui n'avaient pas craint d'abolir le
plus ancien et le mieux enracine de tous les cultes, de tels sectaires
s'arretaient devant deux idees, la morale et Dieu. Apres avoir rejete
toutes celles dont ils croyaient pouvoir degager l'homme, ils restaient
domines par l'empire de ces deux dernieres, et immolaient un parti a
chacune. Si tous ne croyaient pas, to
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