te 307: _Ab. Op._, pars II, ep. XVII, _Berengarii scholastici
Apologeticus_, p. 302.]
Nous n'avons rien emprunte a cet ouvrage en racontant le concile de
Sens. Nous ne voudrions pas juger les jesuites sur la foi de Pascal;
mais il y a dans Pascal du vrai sur les jesuites, et tout ne peut-etre
faux dans ce que raconte Berenger: car s'il parle comme un ennemi de
saint Bernard, il ne s'exprime pas comme un ennemi de la foi.
Citons, si ce n'est comme historique, au moins comme echantillon de
style, quelque chose de la peinture interieure du concile. Apres s'etre
assez agreablement moque de la pretention constante de Bernard a n'etre
qu'un ignorant qui ne sait pas ecrire faute d'etudes, quoiqu'il ecrivit
avec beaucoup d'art et de recherche, et qu'il se fut adonne aux lettres
profanes au point d'avoir compose dans sa jeunesse des chansons badines
dont on lui peut offrir quelques citations, l'apologiste lui rappelle
avec un respect ironique sa saintete et ses miracles, puis lui declare
brusquement qu'il a perdu son aureole et trahi son secret par sa
conduite dans la derniere affaire.
"Or, voila les eveques convoques de toutes parts au concile de Sens.
C'est la que tu as declare Abelard heretique, que tu l'as arrache comme
en lambeaux du sein maternel de l'Eglise. Il marchait dans la voie du
Christ; sortant de l'ombre comme un sicaire aposte, tu l'as depouille
de la tunique sans couture. D'abord tu haranguais le peuple, afin qu'il
priat Dieu pour lui; et interieurement tu te disposais a le proscrire du
monde chretien. Que pouvait faire la foule? Comment prier, quand elle
meconnaissait celui pour qui il fallait prier? Toi, l'homme de Dieu, qui
avais fait des miracles, qui etais assis avec Marie aux pieds de Jesus,
qui conservais toutes ses paroles dans ton coeur, tu aurais du bruler
au ciel le plus pur encens de la priere pour obtenir la resipiscence
de Pierre, ton accuse, pour obtenir qu'il se lavat de tout soupcon....
Est-ce que par hasard tu aurais mieux aime qu'il demeurat tel que la
censure trouvat ou le prendre?
"Enfin, apres le diner, le livre de Pierre est apporte, et l'on ordonne
a quelqu'un de faire a haute voix lecture de ses ecrits. Mais le
lecteur, anime par la haine, arrose par le fruit de la vigne, non pas de
cette vigne dont il est dit, _je suis la vigne veritable_ (Jean, XV, 1),
mais de celle dont le jus coucha le patriarche tout nu sur le sol, se
met a crier plus fort qu'on ne lui demandait. Apres quelqu
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