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[Note 313: S. Bern., ep. CLXXXIX.]
[Note 314: _Eccl._, VII. 17.--Il y a dans le texte: "Noli esse
justus multum, neque plus sapias quam necesse est, ne obstupescas."
Berenger dit: "Noli nimium esse justus, ne forte obstupescas."]
[Note 315: _Ab. Op._, pars II, ep. XVII, p. 303-308.]
Apres ces belles paroles, Berenger recherche si en effet Abelard n'est
pas chretien. Il donne alors le texte de la confession de foi adressee
a Heloise, et sur cette declaration, il demande s'il est juste et
charitable de fermer a celui qui professe la croyance de l'Eglise tout
acces vers le chef de l'Eglise. Abelard peut s'etre trompe, mais il n'a
point dit tout ce qu'on lui fait dire, ou il l'a dit dans un autre sens;
un second ouvrage eut corrige ou bien eclairci le premier; il fallait
attendre ses explications. Enfin s'il reste des erreurs, et Berenger ne
le conteste pas, ou n'y a-t-il point d'erreurs? il y en a dans saint
Bernard lui-meme. Son traite sur le Cantique des Cantiques contient
une heresie sur l'origine de l'ame[316]. Il y a des fautes dans saint
Hilaire, dans saint Jerome, et saint Augustin a publie le livre de ses
retractations. Comment donc a-t-on pu avec tant d'acharnement travailler
a fermer au maitre Pierre les portes de la clemence apostolique?
[Note 316: Les erreurs que Berenger signale dans saint Bernard, sont
peu graves ou peu prouvees. Ainsi on lit dans son vingt-septieme sermon
sur le _Cantique des Cantiques_, que l'ame vient du ciel, et Berenger
en conclut que saint Bernard est tombe dans l'erreur d'Origene qui
attribuait aux ames une existence anterieure a cette vie. L'induction
nous parait forcee. (S. Bern. _Op._, vol. I, t. IV, serm. XXVII, 6;
Not., p. CXIII.--_Hist. litt._, t. XII, p. 257.)]
Telle est l'argumentation ici parfaitement juste par laquelle Berenger
termine son pamphlet theologique, en prenant l'engagement de discuter
dans un autre ecrit le fond meme des questions. Mais cet engagement, il
ne le tint pas. On vient de voir qu'en ecrivant, il savait deja que la
cour de Rome avait prononce, et que toute esperance etait perdue. Du
cote de saint Bernard, une dissertation, empreinte d'une verve qui
va jusqu'a la violence, avait ete lancee contre l'apologie, non de
Berenger, mais d'Abelard[317]. L'auteur inconnu, mais qui etait un abbe
de moines noirs, dedie son ouvrage a l'archeveque de Rouen qui parait
etre son superieur ecclesiastique, raconte qu'il a ete lie avec Abelard
par la plus etro
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