). On sait au
reste qu'un recit tout semblable se trouve dans Gregoire de Tours. (_De
Glor. confess._, c. XLII.)]
La verite cependant, c'est qu'Heloise ne fut pas d'abord ensevelie dans
le meme tombeau, mais dans la meme crypte qu'Abelard. Trois siecles
apres leur mort, en 1497, par les soins de Catherine de Courcelles,
dix-septieme abbesse du Paraclet, leurs restes furent transportes du
petit moustier dans le choeur de la grande eglise du monastere, et
deposes, ceux d'Abelard a droite, ceux d'Heloise a gauche du sanctuaire,
et plus tard rapproches au pied ou meme au-dessous du maitre autel[351].
[Note 351: _Gall. Christ._, I. XII, p. 614.--_Ann. ord. S.
Benedict._., t. VI, p. 356.]
On rapporte qu'en 1630, la vingt-troisieme superieure du Paraclet, Marie
de la Rochefoucauld, fit transporter les deux tombes dans la chapelle
dite de la Trinite, devant l'autel; elles y resterent longtemps, sans
aucune epitaphe, dans un caveau situe au-dessous des cloches[352]. On
ajoute que c'est alors que les ossements encore entiers furent reunis
dans un double cercueil qui a ete ouvert de nos jours. Il parait
qu'en 1701, une epitaphe en prose francaise fut, par l'ordre de la
vingt-cinquieme abbesse, Catherine de la Rochefoucauld, gravee sur un
marbre noir place a la base de cette chapelle sepulcrale ou plutot sur
une plinthe au pied de la triple statue de la Trinite, que cette dame
avait relevee. En 1766, une autre abbesse du meme nom concut le plan
d'un monument ou devait figurer encore cette curieuse statue, et qui
ne fut execute qu'en 1779 par la derniere abbesse du Paraclet[353].
La revolution francaise, qui abolit l'institution fondee par Abelard,
respecta cependant et sa memoire et le double cercueil ou l'on croyait
avoir conserve les derniers restes d'Abelard et d'Heloise.
[Note 352: _Voyag. litt. par deux benedict._, 1re partie, p. 85.]
[Note 353: C'etait Charlotte de Roucy; celle qui avait concu le plan
etait la vingt-sixieme abbesse et se nommait Marie de Roye; toutes de
la maison de la Rochefoucauld. L'epitaphe que l'une fit graver sur
le tombeau, avait ete composee a la demande de l'autre, en 1766, par
l'Academie des inscriptions; elle est concue en ces termes:
Hic
Sub eodem marmore jacent
Hujus monasterii
Conditor, Petrus Abaelardus
Et abbatissa prima Heloissa,
Olim studiis, ingenio, amore, infaustis nuptiis
Et poenitentia,
Nunc aeterna, quod speramus, felicitate
Conjuncti.
Petrus oblit
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