substance universelle: car ce serait dire que tout determine
est l'indetermine. Tel est, nous le croyons du moins, le vrai sens
d'Aristote.
Et quant aux autres predicaments, ni comme universels, ni comme
attributs, ils n'ont en eux-memes la substance, puisqu'ils ne passent
de la puissance a l'acte qu'en se determinant, et ne se determinent quo
dans la substance. Ils sont universels en ce qu'ils conviennent a toute
substance; ils n'existent pas d'une existence universelle, en ce qu'ils
dependent de la substance pour exister, au moins d'une existence
determinee. Aristote appelle les modes les substances secondes; il eut
mieux fait peut-etre de les nommer les seconds de la substance.
Si maintenant on veut sortir de cette generalite et descendre
des _generalissima_ aux simples _generalia_, des categories aux
_categories_, permettez-nous ce nom, des predicaments aux entites
predicamentales, cela s'appelle descendre _les degres metaphysiques._
Les modernes ont appele cela l'echelle de l'abstraction, la generation
ou la genealogie des idees abstraites.
Soit la categorie de la substance: si vous la prenez pour matiere et que
vous y ajoutiez la forme de _corporeite_ (Condillac aurait dit: si a
l'idee de substance vous ajoutez l'idee d'etendue limitee), vous avez
une nouvelle essence, celle de _corps_. Si au corps vous ajoutez
la forme de l'_animation_, vous avez l'_animal_. A cette essence,
l'addition d'une forme que les scolastiques appelaient la _rationalite_,
et qui est tout simplement la raison, vous donnera l'_homme_. Enfin si
l'homme est affecte d'une forme individuelle qui ne peut se designer
que par un nom propre, pour Socrate, la _socratite_, pour Platon, la
_platonite_, vous aurez _Socrate_ ou _Platon_[418].
[Note 418: Porphyr., _Isag._, I, c. II, Sec.23, p. 8 de la trad. de
M. Barth. Saint-Hilaire.--Boeth., _in Porph. translat._, l. II et III.
Cette echelle de l'abstraction est ce qu'on a appele dans l'ecole
l'arbre de Porphyre, dont on peut voir la representation graphique dans
Boece (p. 25 et 70 de l'edit. de Basle; 1 vol. in-fol., 1546).]
Les trois derniers degres de cette echelle portent les noms de genre,
d'espece, d'individu. L'animal est un genre, l'homme une espece, Socrate
ou Platon un individu.
On a deja vu quelle importante distinction devait etre introduite entre
les divers modes ou attributs, les uns etant necessaires, les autres
accidentels. Le langage commun tient peu de compte de ces distin
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