l'etre premier,
non point tel ou tel mode de l'etre, mais l'etre pris dans son sens
absolu[415]."
[Note 415: _Met._, l. VII, I, et t. II, p. 2 de la trad.]
Mais ces modes ou attributs existent; ils sont donc des existences
modales; Aristote les a nommes des substances secondes. De meme que
la substance etait tout a l'heure l'attribut primitif, nous voyons
l'attribut devenir la substance secondaire. C'est de l'etre encore, mais
de l'etre subordonne, accessoire, et qui, des qu'il est concu hors de la
substance, perd la condition de sa realite.
Avec cette explication, l'equivoque qui peut subsister dans les
expressions, ne doit plus subsister dans les idees; mais rien n'a pu
empecher qu'elle n'ait jete beaucoup d'obscurite dans la dialectique, et
produit d'epineuses disputes.
En effet rien n'est plus general que l'essence; et l'on donne aux
categories le nom special de _choses les plus generales_, [Grec:
genichotata], _generalissima_, genres superieurs ou supremes. Ces
generalissimes sont les plus universels des universaux, et parmi eux,
le plus universel est la substance. La substance est un universel, un
genre, Aristote lui-meme le dit[416]. Or nous avons vu qu'il refuse la
substance, et par la le premier degre de l'existence a tout universel.
On verra plus bas qu'il en refuse autant au genre[417]. Ainsi la
substance serait une de ces choses auxquelles manque la substance?... Il
faut bien ici quelque erreur de langage. Il est evident que la substance
est universelle, en ce sens qu'elle est le nom general de la condition
premiere et absolue de l'etre. Mais en tant que reelle, elle est
essentiellement determinee, puisqu'elle est l'etre en tant que
determine, ou la determination de l'etre. Tout s'explique donc; des
diverses notions universelles, une seule, et la plus universelle de
toutes, donne la substance, et c'est la notion de la substance meme.
[Note 416: _Met._, VII, III; et t. II, p. 6 de la trad.]
[Note 417: La substance qu'il refuse au genre, c'est la substance
premiere ou proprement dite; car il appelle les genres et les especes
substances secondes, parce qu'ils expriment des attributs substantiels
(et non accidentels) de l'individu. (_Categ._, V; voy. la traduct. de M.
Barthelemy Saint-Hilaire, t. I, p. 61, et son ouvrage sur la Logique, t.
I, p. 148.)]
La substance existe-t-elle donc d'une existence universelle? oui, en ce
sens que tout etre est substance; non, en ce sens qu'aucun etre n'est
la
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