ce que, pouvant etre
sujets de tout, recevoir toutes sortes d'accidents, elles sont mobiles
et instables dans leurs formes. Mais les formes qui ont besoin pour
subsister d'adherer aux substances, ne sont jamais mues ou changees
en elles-memes dans ces substances; elles le sont par la mobilite
des substances memes, dont la nature est d'etre egalement sujettes a
differentes formes, et de ne point perir quand les formes changent.
Prenez la blancheur, elle peut recevoir la clarte et l'obscurite,
parce que telle est la nature de la substance, sujet de la qualite de
blancheur, mais comme blancheur elle ne change pas.
Ainsi les substances peuvent etre changees en soi, et non dans leurs
formes; car lorsque les formes recoivent des contraires, c'est que la
substance qui les soutient change et passe par les contraires.
Apres la substance vient la quantite[469]. On ne peut penser a une
substance sans concevoir une quantite, car toute substance est
necessairement une ou plusieurs. Comme l'on considere souvent la matiere
sans ses qualites, la quantite a ete mise avant la qualite. Cependant il
y a des qualites tellement substantielles qu'elles sont inseparables des
substances, ce sont les differences. Mais enfin tel est l'ordre etabli
par l'autorite[470]. La quantite d'ailleurs offre cette analogie avec
la substance que, comme elle, elle n'admet en soi ni contrariete ni
comparaison.
[Note 469: _Dial._ pars I, p. 178.]
[Note 470: Cet ordre n'est pas invariable dans Aristote. Voy.
_Categ._, IV, et _Analyt. post._, I, XXII.]
La quantite est la chose suivant laquelle le sujet est mesure: on
pourrait donc lui donner le nom plus connu de mesure. Elle est simple
comme le point, l'unite, l'instant ou moment indivisible, l'element, la
voix indivisible et le lieu simple; ou bien elle est composee, comme la
ligne, la superficie, le corps, le temps, le lieu compose, l'oraison et
le nombre.
Les quantites simples ou indivisibles n'etant pas accessibles aux sens,
ne servent pas a la mesure; c'est l'office des quantites composees qui
sont ou discretes, ou continues. Guillaume de Champeaux appelait les
quantites simples, des natures speciales, parce qu'elles sont les seules
qui naturellement manquent de parties, et les composees, des
composes individuels ou individus composes, lesquels ne sont pas uns
naturellement; exemple, un troupeau ou un peuple. Il ajoutait que les
noms de ligne, superficie, etc., sont plutot pris (_sumpta_, abstrai
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