e chose de stable, d'immuable en soi, et
qui ne peut etre diversifie que par les attributs qui lui determinent
une essence, tandis que dans ces attributs memes la substance est nulle;
il n'y a que communaute ou ressemblance dans la conception generique que
nous en formons; d'ou il suit que des attributs sont du meme genre, mais
sont, en eux-memes et en tout ce qu'ils sont, reellement des choses
differentes. Il n'y a pas de couleur, en un mot; il y a le noir, il y a
le blanc.
Ce qu'Abelard dit de la cause touche de bien moins pres encore a ce que
nous voudrions apprendre de lui. Il y a en dialectique des lieux communs
des causes; ils sont classes parmi les lieux des consequents de la
substance, _ex consequentibus substantiam_, et pour savoir comment
peut se discuter tout raisonnement qui roule sur les causes, il faut
connaitre quelles sont les causes[497]. Abelard etablit une division des
causes que Boece donne assez confusement, en suivant la Metaphysique ou
la Physique plutot que la Logique d'Aristote[498], et il commente cette
division avec developpement. Il est remarquable que chez lui et meme
chez Aristote, la cause est etudiee dans ses modes plus que dans son
principe. La causalite n'a ete bien comprise que des modernes, et
peut-etre encore reste-t-il a faire de nouvelles decouvertes dans le
sein de cette idee primitive et necessaire.
[Note 497: _Dial._, part. III. p. 410-414.]
[Note 498: _Arist. Analyt. prior._, II, XI.--_Met._, IV, II, et
_Phys._, II, III.--Boeth., _De Interp._, ed. sec., p.453.--_In Top.
Cic._, l. II, p. 778 et 784; l. V, p. 834.--_De Differ. topic._, l. II,
p. 809.]
Il y a, dit Abelard, quatre sortes de causes, la cause efficiente, la
cause materielle, la cause formelle, la cause finale. Dans l'ordre, la
premiere est celle qui meut, celle qui opere, celle enfin qui produit
l'effet, comme le forgeron fabrique l'epee, en causant le mouvement qui
change le fer en lame; mais l'action et la nature de cette cause seront
mieux comprises apres que nous aurons parle des trois autres.
La cause materielle est ce dont la chose est faite, non ce qui sert a
la faire; c'est le fer, et non l'enclume ni le marteau. La matiere est
l'element immediat de la substance. Ainsi la farine ne doit pas etre
appelee la matiere du pain, puisqu'elle ne s'y trouve point a l'etat de
farine; la matiere du pain, c'est la pate, ou plutot meme les mies
de pain (_micae_). Seulement, parmi les composes, les uns ont eu une
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