opriete;
aussi est-il commun aux animaux sans raison et aux animaux raisonnables.
L'intelligence, au contraire, n'opere que par la conception rationnelle
de la nature ou de la propriete des choses, meme quand elle concoit a
faux. Aussi point d'entendement sans la raison, ou sans la faculte par
laquelle un esprit capable de discernement parvient a distinguer et a
juger les natures des choses.
2 deg. Raison.--Les animaux qui ont la raison ont, en langage scolastique,
la rationnalite. La science ne met entre ces deux choses qu'une
difference de degre. La seconde appartient a tous les esprits, tant des
hommes que des anges; la premiere, seulement a ceux qui sont capables
de discernement (_discretis_, aux personnes discretes); quiconque peut
juger les proprietes des choses possede la rationnalite. Celui dont
le jugement, exempt des atteintes de l'age ou des troubles de
l'organisation, s'exerce avec facilite, a seul la raison. Or la raison
est en essence la meme chose que l'esprit (_animus_). La conception, ou
l'acte de l'intelligence en tant qu'elle concoit, distincte des sens
comme de la raison, descend ou provient de celle-ci dont elle est comme
l'effet perpetuel; elle n'est donc pas la raison, quoiqu'il n'y ait pas
conception la ou manque la raison.
3 deg. Imagination.--La conception differe aussi de l'imagination, qui n'est
qu'un souvenir du sens, ou la faculte par laquelle l'esprit retient
l'affection du sens, en l'absence de la chose qui l'avait produite. Ce
n'est pas qu'il ne puisse y avoir en meme temps dans l'ame imagination
et conception, aussi bien que conception et sens, et dans les deux cas
il y a quelque jugement; mais c'est un acte de l'intelligence, et non
pas de l'imagination et du sens. L'une se rapporte aux choses absentes,
l'autre aux choses presentes; la conception se produit pour les choses
absentes comme pour les choses presentes. Mais nous pouvons sentir les
choses sans les concevoir, autrement nous penserions toujours au ciel et
a la terre, que nous voyons toujours. Quand le sens agit, l'imagination
ne peut agir avec lui et en lui; mais des qu'il cesse, elle le supplee.
C'est une confuse perception de l'ame aussi bien que le sens. Ce qui est
capable de sens est capable d'imagination. Les betes elles-memes n'en
sont pas depourvues, suivant Boece[559]. Mais n'y a-t-il imagination
qu'a la condition du sens? Abelard penche pour l'affirmative; il veut
que non-seulement les objets insensibles et incorpo
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