'appeler science plutot que simple intelligence, et le rapporter a
l'esprit divin plutot qu'a l'esprit humain. L'ame qui vient de Dieu se
penetre de Dieu, pour ainsi dire, et dans l'homme qui s'evanouit et
meurt en quelque sorte, Dieu parait[562]."
[Note 561: Boeth., _De Interp._, ed. sec., p. 296.]
[Note 562: _De Intell._, p. 467. Ceci semble un souvenir du Timee
plutot que du _de Anima_. Voyez pourtant III, V.]
4 deg. Estimation.--Distinguons encore l'entendement ou l'intelligence de
l'estimation et de la science. On confond quelquefois l'estimation avec
l'intelligence; car on doit estimer pour comprendre, et le mot de pensee
(_opinio_), synonyme de celui d'estimation, est quelquefois transporte
a la conception. Mais estimer, c'est croire; l'estimation est la meme
chose que la creance ou la foi[563]. Comprendre, c'est apercevoir
(_speculari_) par la raison, soit que nous croyions ou non a ce que nous
apercevons. Je comprends cette proposition: _l'homme est de bois_, et je
ne la crois pas. Ainsi tout ce qu'on estime ou croit, on le comprend;
mais l'inverse n'est pas vraie. D'ailleurs il n'y a estimation que de ce
dont il y a proposition, c'est-a-dire conjonction ou division.
[Note 563: Ce passage serait au besoin la preuve que cet ouvrage est
d'Abelard. Celle analogie de l'_estimation_ avec la foi qu'il definit
l'une par l'autre, est une opinion qu'il avait empruntee au _de Anima_
(III, iii), et que saint Bernard lui a reprochee. Voyez dans cet ouvrage
le I. III, c. iv, et _Ab. Op., Introd._, I. I, p. 977.]
5 deg. Science.--La science est cette certitude de l'esprit qui se soutient
independamment de toute estimation ou conception. Aussi la science
persiste-t-elle dans le sommeil, et Aristote place-t-il les sciences et
les vertus, a raison de leur duree, parmi les habitudes, _habitus_[564],
plutot que parmi les dispositions de l'esprit.
[Note 564: L'habitude, n'est pas l'accoutumance, mais ce que l'on
a en propre comme une faculte naturelle, une _capacite_, suivant la
traduction de M. Barthelemy Saint-Hilaire. La disposition ou diathese,
[Grec: tiuOttni], n'est qu'une affection peu durable. (_Categ._
VIII.--_De la Logique d'Arist._, t. 1, p. 167.)]
Maintenant, tout ce qui appartient proprement a l'intelligence,
entendement ou faculte de concevoir, ayant ete separe de tout le reste,
il faut distinguer les differents concepts entre eux. Ils sont simples
ou composes, uns ou multiples, bons (_sani_) ou mauvais
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