istote, [Grec: Listhaesis, phantasia, doxa, epistaemae,
nous]. Il serait curieux de rechercher comment et par qui cette division
avait passe dans le commerce philosophique. Car tout semble prouver
qu'Abelard ne connaissait point le _de Anima_.]
1 deg. Sens.--"L'intellect ou faculte de concevoir est lie avec le sens tant
par l'origine que par le nom. Par l'origine, car des qu'un des cinq sens
atteint une chose, il nous en suggere aussitot une certaine conception.
En voyant en effet quelque chose, en flairant, entendant, goutant ou
touchant, nous concevons aussitot ce que nous sentons; et il est si
vrai que la faiblesse humaine est provoquee par le sens a s'elever a
l'intelligence, que nous avons peine a donner a aucune chose la forme de
la conception, si ce n'est a la ressemblance des choses corporelles que
l'experience des sens nous fait connaitre.
"Quant au langage, nous abusons souvent du mot de sens pour exprimer
l'intelligence; par exemple nous disons le sens des mots, au lieu
de dire le concept des mots. La vision aussi est prise souvent pour
l'intelligence tant par Aristote que par la plupart des autres[557],
peut-etre parce que le sens nous parait ressembler davantage a
l'intelligence. En effet, l'esprit se represente la chose qu'il concoit,
d'une maniere analogue a celle dont nous contemplons, comme placee
devant nous, une chose prochaine ou eloignee.
[Note 557: Je ne vois que les representations mentales, les
_fantaisies_ des Grecs, que Boece propose d'appeler _visa_. (_In Porph.
a Victor., Dial._, I, p. 8.)]
"Le sens et l'intellect etant donc reunis par l'origine et le nom,
il m'a paru necessaire d'assigner leur difference, vu qu'ils operent
ensemble dans l'ame[558]."
[Note 558: _De Intell._, p. 461-462.]
La difference, c'est que la perception d'une chose corporelle par le
sens a besoin d'un instrument corporel, c'est-a-dire que l'ame doit etre
appliquee a un objet par un intermediaire physique, comme l'oeil ou
l'oreille, tandis que l'intellect qui concoit, c'est-a-dire la pensee
meme de l'ame, n'a besoin ni de l'instrument corporel, ni meme de
l'effet d'une chose reelle a concevoir, puisque l'intelligence se pose
des choses existantes ou non, corporelles ou non, soit en se rappelant
le passe, soit en prevoyant l'avenir, soit meme en se figurant ce qui
n'exista jamais.
La seconde difference, c'est que le sens n'a aucune faculte de juger
d'une chose, c'est-a-dire d'en concevoir la nature ou la pr
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