reant jamais, mais unissant des choses creees. Aucune creation ne nous
est donc permise; un pere lui-meme n'est le createur de son fils, qu'en
ce sens qu'une partie de sa substance est, par l'operation divine,
amenee a produire une nature humaine. La corruption seule ou alteration
peut paraitre dependre de nous, car il est en tout plus facile de
detruire que de composer, nous pouvons plus aisement nuire que servir,
et nous sommes plus prompts a faire le mal que le bien. Ainsi ne pouvant
former un homme, nous le pouvons detruire, et sous ce rapport, la
generation de l'inanimation semble dependre de nous. Cependant il n'y
a la qu'un retranchement, ce qui est du ressort de la corruption; rien
n'est donne en substance, ce qui serait oeuvre de generation. Nous
faisons le non-anime, mais l'inanimation, Dieu seul la cree. Autre
en effet est le non-anime, autre l'inanime. La negation n'est pas
la privation. La negation resulte de la corruption; la forme de la
privation resulte de la generation, et celle-ci ne peut venir que de
Dieu. Car lors meme que nous ne ferions rien a la substance, Dieu ne
l'en convertirait pas moins un jour a l'animation ou a l'inanimation;
seulement, il est possible que ce que nous faisons l'y amene un peu plus
vite.
[Note 501: Je crois cette distinction peu solide. J'ignore la valeur
des mots hebreux du commencement de la Genese. Mais s'il y a dans le
texte latin au titre: "De creatione mundi et hominis formatione," il y
a au verset 26: "Faciamus hominem," et au verset 27: "Creavit Deus
hominem." C'est pour la femme que le mot de creation n'est pas employe.
Au reste, tout ce qui est dit ici de la creation peut se comparer au
tableau trace dans l'_Hexameron_. Voy. au l. III du present ouvrage.]
"Ainsi donc le mouvement de substance que nous appelons generation, ne
doit etre attribue qu'a Dieu, tant dans les creations premieres que dans
les creations dernieres. Dans les creations de la nature se placent les
substances generales et speciales. Ce n'est pas un changement de la
forme, c'est une creation de substance nouvelle qui fait la diversite
de genre et d'espece. De quelque facon que varient les formes, si
l'identite demeure, l'essence generale ou speciale n'en est point
touchee. Mais la ou il n'y a point diversite de formes, il peut y avoir
diversite de genres; c'est ce qui arrive aux genres les plus generaux,
a ce qu'il y a de plus general, aux predicaments pris en eux-memes, et
peut-etre aussi a
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