nres, les presente
cependant comme des touts de convention; et il est vrai qu'en tant qu'on
les considere comme des touts, ce ne sont pas des touts naturels, si la
condition du tout naturel est l'unite numerique de substance; mais
ils sont des touts naturels, lorsqu'ils sont la totalite de genres
et d'especes veritables, ou formes a raison de ressemblances et de
differences essentielles et permanentes. Les genres et les especes de
convention, oeuvres d'une classification arbitraire et momentanee, sont
les seuls qui ne donnent naissance qu'a des touts conventionnels.
Quant a la division du tout integral ou constitutif en ses parties, elle
serait indifferente a la question du realisme, si Roscelin n'avait eu
la hardiesse de l'y rattacher. N'admettant de realite que la realite
individuelle, il se croyait oblige de nier la realite des elements de
l'individu, et comme l'individu est un tout, de nier les parties du
tout. Par quel subtil argument, on l'a vu. La reponse d'Abelard est
bonne, et resout la difficulte de dialectique que Roscelin avait
inventee. Le bon sens n'en pouvait etre embarrasse un moment; mais le
bon sens n'est pas la logique.
"La division du tout selon la forme est, par exemple, celle qui partage
l'ame en trois puissances ou facultes, celle de vegeter, celle de
sentir, celle de juger[527]. L'ame en exerce une dans les plantes, deux
dans les animaux; dans l'homme, elle les contient tontes trois: elle a
le conseil ou le jugement avec la vegetabilile et la sensibilite, c'est
ce qu'on appelle la rationnante ou la raison.
[Note 527: _Dial_., p. 411-476.]
"Voici donc une division reguliere: la puissance de l'ame est ou de
vegeter, ou de sentir, ou de juger. Mais cette division est-elle
applicable a l'ame universelle ou ame du monde, que Platon croit unique
et singuliere[528], que d'autres appellent une espece contenue dans
un seul individu, comme le phenix? Boece parait avoir applique cette
division a l'ame en general, quand il dit: _L'ame se composant de ces
sortes de parties, en ce sens non pas que toute ame soit composee de
toutes, mais une ame des unes, une autre ame des autres, c'est une chose
qu'il faut rapporter a la nature du tout_. Ces mots indiquent qu'il
croit que le nom d'ame, tel qu'il est defini par la division, convient
a toutes les ames, ou, ce qui revient an meme, qu'il designe un
universel.... On donne donc aussi le nom de tout a ce qui consiste en de
certaines vertus ou facultes, comme
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