1: Il n'y a point ou il n'y a plus deux Commentaires des
Predicaments, ni par consequent de premier. C'est dans le livre II de
son unique commentaire sur les categories que Boece parle des huitres et
des coquilles (p. 101).]
"Quant a cette sensibilite attribuee au corps de l'animal, comme si elle
etait sa difference, elle parait descendre et naitre de celle qui est
dans l'ame, et l'animal ne parait sensible qu'en tant qu'il contient une
ame capable d'exercer en lui la faculte de sentir. Le corps n'est dit
sensible que parce que l'ame est avec lui, que parce qu'il a une ame;
l'ame, au contraire, est sensible, non par l'effet du predicament
de l'avoir, mais en vertu d'une puissance qui lui est propre.
Objectera-t-on que _sensible_, etant la difference substantielle
d'_animal_, est une qualite, apparemment parce que toute difference est
qualite, mais qu'avoir une ame n'est pas une qualite, etant au contraire
de la categorie de l'avoir? Il faudrait alors entendre par la qualite la
forme, ou par le mot _sensible_ designer dans le corps de l'animal une
certaine faculte qui serait necessairement du ressort de la qualite,
puisque l'autorite a soumis toutes les puissances ou impuissances au
genre supreme de la qualite[532]. Cela revient a dire que l'animal nait
deja apte a l'exercice des facultes de l'ame, grace a une qualite des
sens par lesquels l'ame, comme par des instruments, s'acquitte des
fonctions de la puissance qui lui est propre.
[Note 532: Arist. _Categ._, VIII.--Boeth., _In Proed._, l. III, p.
170. Toute cette psychologie d'ailleurs ne vient point d'Aristote; on
trouverait plutot quelque chose d'analogue dans Boece (_De interp._, ed.
sec., p. 298)]
"Il faut qu'il y ait differentes sensibilites de l'ame et du corps,
comme il y a differentes rationnalites, car c'est une regle que les
genres qui ne sont point subordonnes entre eux, n'ont pas les memes
especes ou les memes differences; or, tels sont le corps et l'ame, dont
l'on ne recoit aucune attribution de l'autre[533].
[Note 533: C'est dire, en dialectique, que la sensibilite de l'ame
ne peut etre celle du corps ou que la sensation n'est pas l'affection
organique; nouvelle preuve que le raisonnement, avec ses formes d'ecole,
remplace et quelquefois vaut les notions puisees dans l'observation des
faits de conscience.]
"L'equivoque qui se trouve dans les noms des differences de l'ame et du
corps s'etend aussi aux noms de leurs accidents. Il nait de certaines
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