: _Dial._, p. 479-484.]
Les significations des mots dependent de la notion qu'ils produisent
dans l'esprit de l'auditeur, et en general du sens qui leur a ete
impose; mais ces recherches ne tiennent pas a l'essence de la
philosophie. Une meme signification peut avoir plusieurs modes,
c'est-a-dire qu'un mot peut s'appliquer diversement. De la une division
nouvelle. Le mot d'_infini_, par exemple, est divise par Boece en infini
de mesure, en infini de multitude, en infini de temps[544]. Dans
les termes vraiment equivoques, il y a pour un meme mot plusieurs
definitions. Ici, au contraire, ou il ne s'agit que des modes de la
signification, la definition ne change pas; l'infini demeure toujours
ce dont le terme ne peut etre trouve, mais l'infini est un mot qui
s'emploie de differentes manieres. C'est la recherche et remuneration de
ces _manieres_ ou modes qu'on appelle la division du mot par les modes.
Abelard va plus loin, et croit que l'infini ne designe point une seule
et meme propriete, commune, par exemple, au monde, au sable, a Dieu.
Chacun a sa maniere d'etre infini, et il penche a croire qu'il faudrait
ici une definition plutot reelle que verbale. Les membres de la division
que Boece donne de l'infini, ne supposent point necessairement une
opposition, une meme chose pouvant etre infinie de diverses manieres.
Dieu est infini quant au temps et par la quantite de la substance; car
il ne saurait etre renferme dans aucun lieu. Est-il sage d'ailleurs
d'employer le mot d'infini pour Dieu et pour la creature? ne risque-t-on
pas de tomber ainsi dans l'equivoque proprement dite, et n'y aurait-il
pas lieu a des definitions differentes? On dit que l'infini est ce dont
le terme ne peut etre trouve; mais Dieu est infini, en ce sens que sa
nature ne permet pas que l'on trouve le terme d'un etre que rien ne
limite. Il est infini par essence. "Les creatures, au contraire, ne
peuvent etre dites infinies que relativement a notre connaissance, et
non pas a leur nature. Toutes, en effet, connaissent leurs limites,
quand meme notre science ne les atteint pas; et admettre l'infinite,
reelle ou naturelle, dans les creatures, fut une erreur chez les gentils
et serait une heresie chez les catholiques; car ce serait assimiler a
son createur la creature comme excedant toutes limites; or le createur
lui-meme ne connait pas ses limites, puisqu'elles n'ont jamais ete."
[Note 544: _De Div._, p. 640.]
Cette analyse des diverses sortes de divisi
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