l'ame en ses trois puissances[529].
[Note 528: Cette division triple de l'ame est comme dans toute
l'antiquite. Abelard l'avait rencontree dans Boece. (_In Porph_., p.
46.) Quant a la question de savoir si cette triplicite s'appliquait a
l'ame du monde, il aurait pu s'en assurer en relisant le Timee, si,
comme on le croit, il en avait une version sous les yeux. La, Platon dit
que Dieu forma l'ame du monde d'une essence divisible, d'une essence
indivisible, et d'une essence intermediaire, produit de l'union de l'une
et de l'autre. Ces trois principes, le premier, qui est l'etre, le
second l'intelligence, le troisieme qui participe des deux autres,
pourraient bien repondre a la division dont il s'agit, quoique dans le
Timee elle soit concue d'une maniere plus transcendante et qui a ete
tout autrement developpee et interpretee par les alexandrins. Voyez dans
les _Etudes sur le Timee_, de M. Henri Martin, le texte, p. 88, 94 et
98, et la note 22. t. 1. p. 316-383.]
[Note 529: Les citations, comme le fond des idees, sont prises de
Boece (_De Div_., p. 646), et nous voyons comment s'est introduite
ou plutot maintenue dans la philosophie du moyen age cette ancienne
division de l'ame en vegetative, sensitive et intelligente (ou
rationnelle).]
"Seule, en effet, l'ame fait vegeter le corps, et elle donne seule au
corps le mouvement de croissance; seule elle discerne, c'est-a-dire a la
notion du bien et du mal; mais il semble qu'elle ne sente pas seule, on
croit meme qu'elle ne peut sentir, car on ne dit pas les sens de l'ame,
mais du corps. Aristote attribue les sens au corps[530]; c'est que les
sens, c'est que les instruments par lesquels l'ame exerce ses sens,
sont fixes dans le corps et font connaitre les corps qui, par leur
intermediaire, arrivent a l'etat de concepts, d'ou l'on pourrait induire
qu'il y a une faculte de sentir dans l'ame, une autre dans le corps.
L'une et l'autre, en effet, sont dits sensibles (_sensibile_); mais la
vraie et premiere faculte de sentir est dans l'ame, quoique le corps
contienne les divers organes des sens....., ou plutot quoique tous ses
membres soient pourvus du tact qui parait etre le seul commun a tout
animal, car il est certains animaux qui manquent de tous les autres
instruments, comme les huitres et les coquilles, qui sont sans
tete, ainsi que Boece le rappelle dans le premier Commentaire des
Predicaments[531].
[Note 530: _Categ._, VII.--Boeth., _In Proedic._, p 100.]
[Note 53
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