certaines especes, comme nous l'accordons pour les
especes des accidents, afin d'eviter une multiplication a l'infini. Mais
aussi longtemps que l'essence materielle ou la nature de la chose sera
diverse, il y aura diversite de genres ou d'especes; c'est donc la
diversite de substance, non le changement de la forme, qui fait la
diversite des genres et des especes. Car, bien que dans les especes de
la substance, la cause de la diversite des especes soit la difference,
celle-ci vient de la diversite de substance des choses elles-memes.
Aussi a-t-on nomme ces sortes de differences, differences
substantielles. Ainsi nous ne devons comprendre au rang des genres et
des especes que les choses que l'operation divine a composees en nature
de substance[502]."
[Note 502: _Dial._, p. 418.]
Le mouvement de quantite est de deux sortes, mouvement d'augmentation,
mouvement de diminution. L'augmentation et la diminution resultent d'une
jonction de parties, et la comparaison seule manifeste l'une ou l'autre.
Or l'accident est seul sujet a la comparaison, et celle-ci porte sur la
longueur, la largeur, l'epaisseur et le nombre. Ce n'est que par rapport
au nombre que le mouvement de quantite depend de l'action de l'homme. En
effet l'operation humaine n'unit jamais les corps au point qu'il n'y ait
entre eux aucune distance. La longueur de la ligne, la largeur de la
surface, l'epaisseur du solide, qui sont autant de continus, ne sont
donc pas soumises a notre action, et nous ne pouvons rien que multiplier
le nombre par l'accumulation dans le meme lieu; ainsi nous ajoutons une
pierre a des pierres, des bois a des bois pour une construction. Notre
creation n'est jamais que de la composition. Les choses ainsi composees
sont dites unes ou plutot unies par notre oeuvre, non par creation
naturelle. Cependant il ne faut pas considerer les noms de ces sortes
d'assemblages ou d'unites factices, comme des noms collectifs, tels
que ceux de _peuple_, de _troupeau_, etc. En effet il faut l'union des
parties de la maison pour qu'il y ait maison ou vaisseau; tandis que,
meme separees, les unites des collections conservent leur propriete de
former une collection. L'unite d'un homme qui reside a Paris et celle
d'un homme qui demeure a Rome forment un binaire. La pluralite des
unites suffit pour faire un nombre, une reunion d'hommes, pour faire un
peuple, sans qu'il y ait besoin de l'union de combinaison. Celle-ci, au
contraire, est necessaire pour former la
|