serait-ce si je
m'occupais des genres des autres predicaments! c'est alors que tout
paraitrait fictif, et l'abus de l'ontologie dialectique eclaterait. Il
est tel qu'on ne peut supposer que les scolastiques habiles en fussent
les dupes, et certainement au fond Abelard savait bien que ce ne pouvait
etre que par une assimilation fictive que l'on traitat la _relation_ ou
la _situation_ comme la _substance_; il laisse entrevoir, quoique trop
rarement, qu'il n'ignore pas que la _nature_, c'est ainsi qu'il nomme
la realite, est autre chose que _l'art_, c'est ainsi qu'il nomme la
dialectique. Mais d'abord pourquoi ne le pas dire mieux? puis, pourquoi
ne pas etudier, pour la decrire et la circonscrire, cette disposition ou
cette faculte qui est en nous de convertir tout en etre, et de raisonner
des rapports et des modes comme si c'etaient des substances? Il est vrai
que c'eut ete la de la psychologie.
Remarquons cependant une distinction importante et qui prouve que ce
rare esprit ne meconnaissait pas la difference profonde qui doit separer
l'ontologie naturelle de l'ontologie dialectique. Il revient ici a
l'idee qu'il a deja exprimee, c'est que les regles qui sont bonnes pour
la categorie de la substance ne sont pas absolument et de plein droit
vraies des autres categories. Suivant lui, la division du genre s'opere
exactement par deux especes prochaines, mais seulement quand ce genre
est de la categorie de la substance. La division du genre par les
differences equivaut a la division par les especes, mais seulement quand
il s'agit du genre de la substance. Tout cela n'est qu'une suite d'un
principe anterieurement pose; c'est que toute espece est constituee de
la matiere du genre par la forme de la difference, seulement quand il
s'agit de genres ou d'especes du ressort de la substance.
Je ne vois pas que cette distinction fondamentale ait ete jusqu'ici
remarquee; elle fait honneur a celui qui l'a apercue et repond d'avance
a plus d'une censure dirigee contre lui[520]; mais passons a la seconde
espece de division substantielle.
[Note 520: Voyez _Dial._, pars III, p. 400; et ci-dessus c. V, et
ci-apres c. VI, VII et IX.]
"Apres la division du genre en especes vient celle du tout en
parties[521]. Le tout est quant a la substance, ou quant a la forme, ou
quant a l'une et a l'autre. Le tout quant a la substance est tel quant
a la comprehension de la quantite, c'est l'entier, ou quant a la
distribution de l'essence commune, c'
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