nsiste pas dans ses
parties. Autrement, en des temps divers, le meme homme vivant ne
subsisterait pas; car sa substance augmente ou diminue sans cesse. Il
faut donc chercher quelle est la partie, faute de laquelle l'homme ne se
retrouve plus; les uns diront que c'est la main, les autres que c'est la
langue; mais la destruction de l'une ni de l'autre n'est l'homicide;
et nous tenons pour principales les parties qui sont telles, que leur
mutuelle conjonction produise immediatement la perfection du tout.
La conjonction du toit, des murs et des fondements, et non pas la
composition de leurs parties entre elles, produit la maison.
Il est des touts dont la nature parait contraire, quoique ce soient
aussi des entiers: tels sont les touts _temporels_, comme _le jour_
compose de douze heures, et qui est pour elles un tout constitutif. Ces
touts n'ayant point de parties permanentes, la simultaneite ne leur est
pas applicable; leurs parties sont successives, comme celles du temps,
celles de l'oraison, et l'existence actuelle de ces parties est la seule
mesure de l'etre de ces touts. A prendre rigoureusement la signification
du jour ou de l'oraison, jamais l'oraison ou le jour n'existe, puisque
jamais ni les douze heures, ni les mois dont se compose l'oraison,
ne coexistent. Aristote admet dans le temps la continuation sans la
permanence[525], mais ni l'une ni l'autre dans l'oraison. Il faudrait
plutot dire que les parties du temps ont la permanence et non la
continuation; car les sujets etant discontinus, les accidents doivent
l'etre aussi. On trouverait egalement une sorte de permanence dans les
parties de l'oraison, en faisant prononcer en meme temps par divers les
lettres qui en sonnant ensemble composeraient les mots et l'oraison avec
les mots. Mais a dire le vrai, ni le temps, ni l'oraison, ne sont des
composes de parties. Un compose ne peut etre contenu dans une seule
partie, et ce n'est pas une partie que ce que la quantite du tout ne
surpasse point. La ou il n'y a qu'une partie, elle est le tout. Or les
parties dans le temps ne sont jamais plusieurs, puisque la simultaneite
leur est interdite; il n'en existe jamais qu'une. Co n'est donc que par
figure qu'on peut dire que le jour existe, et ce qui en existe et qu'on
appelle partie n'en est pas une, elle est reellement un tout.
[Note 525: Arist. _Categ._, VI.]
"Je me souviens, ajoute Abelard[526], que mon maitre Roscelin avait
cette idee insensee de pretendre qu'aucune
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