ne se
donne a un evenement inopine, et que l'inopine ne soit, en effet, ce
qui ne resulte ni de notre volonte, ni de notre connaissance, ni de la
nature meme d'aucune chose? Il est vrai qu'alors "il faut s'etonner
qu'on nous dise que l'astronomie donne la prescience des evenements
futurs; car si les hasards sont independants de la nature, inconnus
meme a la nature, comment peut-on les connaitre par un art naturel?" On
objecte aussi les inductions necessaires a la physique; mais il n'y a la
que des futurs entierement depourvus de necessite. _Les sectateurs de
cet art_ pretendent qu'il leur donne les moyens de prevoir ces sortes de
futurs et de predire avec verite qu'un tel homme mourra le lendemain, ce
qui est un futur contingent, et non qu'il est mort a l'heure qu'il est,
ce qui est toujours determine. "Mais abandonnons ce sujet, qui nous est
inconnu, plutot que de nous exposer a en disserter temerairement."
Le premier point a etudier est cette necessite pretendue de tous les
evenements, ou plutot ce destin qui en est la cause, disons la divine
providence. Comme Dieu a eternellement prevu tous les evenements
futurs tels qu'ils seront, et comme il ne peut s'etre trompe dans les
dispositions de sa providence, on veut que tout arrive necessairement
ainsi qu'il l'a prevu; autrement, il serait possible qu'il se fut
trompe. Cette consequence repugne, elle est meme abominable. Or, quand
le consequent est impossible, l'antecedent l'est aussi. La providence
de Dieu nous obligerait donc a croire a la necessite universelle, et il
n'arriverait plus rien par notre conseil et nos efforts.
Mais, parce que Dieu a prevu eternellement l'avenir, d'ou vient qu'il
aurait impose aux choses aucune necessite? S'il prevoit que les choses
futures arriveront, il les prevoit aussi comme pouvant ne pas arriver,
et non comme des consequences forcees de la necessite; autrement, il
ne les verrait pas dans sa prescience comme elles arriveront dans la
realite; car elles arrivent en pouvant ne pas arriver. Sa providence
embrasse tout; il prevoit et que les choses arriveront et qu'elles
pourront ne pas arriver. Ainsi, pour sa providence, les evenements sont
plutot soumis a l'alternative qu'a la necessite. C'est un principe
inebranlable dans l'esprit de tous les fideles, que Dieu ne peut se
tromper, lui pour qui seul vouloir est faire. Cependant il est possible
que les choses arrivent autrement qu'elles n'arrivent, et qu'elles
arrivent autrement que sa
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