a enfoui, ne l'avait pas
enfoui pour qu'il le trouvat. Deux intentions qui visaient a autre
chose ont amene par leur concours ce resultat, et l'on dit que c'est un
hasard[484].
[Note 484: _Dial._ pars II, p. 280-290.]
Le libre arbitre est un jugement libre quant a la volonte, _liberum de
voluntate judicium_. Par lui nous arrivons a faire une chose apres en
avoir delibere, sans aucune violence externe qui force ou empeche de la
faire. Quand les imaginations[485] viennent a l'esprit et provoquent la
volonte, la raison les pese et juge ce qui lui parait le meilleur, puis
elle agit. C'est ainsi que souvent nous dedaignons ce qui nous est doux
ou nous semble utile, tandis que nous supportons avec courage et contre
notre volonte, en quelque sorte, de rudes epreuves. Si le libre arbitre
n'etait que la volonte, on pourrait dire aussi que les animaux ont le
libre arbitre.
[Note 485: Les imaginations sont les idees sensibles, [Grec:
phantasmata], _imaginationes_. Tout ceci est emprunte a Boece. _De
Interp._, l. III, p. 360.]
Enfin, _la facilite naturelle_ est celle qui ne depend ni du hasard, ni
du libre arbitre, mais de la nature des choses. Suivant celle-ci, en
effet, il est ou n'est pas _facile_ (faisable) qu'un evenement ait lieu.
C'est ainsi qu'il est possible que cette plume soit brisee; cela est
facile naturellement.
En cette matiere, il y a grande dissidence entre les stoiciens et les
peripateticiens. Les uns ont tout soumis au destin, c'est-a-dire a la
necessite. Tout etant eternellement prevu, rien ne peut ne pas arriver,
et il n'y a de hasard que pour notre ignorance; l'incertitude n'est
qu'en nous. Les peripateticiens repondent que notre ignorance s'applique
surtout aux choses qui n'ont naturellement en elles-memes aucune
necessite constante. Le libre arbitre est, pour les premiers, cette
volonte necessaire a laquelle l'ame est determinee par sa nature, en
sorte que la necessite providentielle contraint la volonte meme. Cette
volonte est en nous, voila tout le libre arbitre qu'ils nous laissent;
mais on a vu qu'aupres de la volonte il faut encore le jugement de la
raison. Quant a la possibilite et a l'impossibilite, les stoiciens la
rapportent a nous, non aux choses, a notre puissance, non a la nature.
Mais qui ne sait qu'il y a des choses possibles et d'autres impossibles
par nature? Qui doute que la libre volonte ne soit une chose, et la
possibilite une autre; que le nom de hasard ou cas fortuit, enfin,
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