onse ordinaire tant repetee apres lui: Dieu a prevu tout, donc il a
prevu que nous nous deciderions librement, il sait comment nous userons
de notre liberte. En quoi cette connaissance anticipee peut-elle nuire a
cette liberte meme?
Tout cela est sense; mais ce qui est curieux, c'est la methode
philosophique qui conduit a ces questions. La theorie de la proposition
enseigne que la negation est le contraire de l'affirmation, et que par
consequent si l'une est vraie, l'autre est fausse necessairement. Or,
il y a des propositions ou le verbe est au futur. Le contraire de ces
propositions est-il necessairement faux, si elles sont vraies? Alors
l'avenir est necessaire; il n'y a plus de futur contingent, la liberte
disparait. Donc si la definition generale de la proposition est vraie
de toute proposition, c'en est fait du libre arbitre. Cette difficulte
inattendue se resout a l'aide d'une distinction juste. Il n'y a de
propositions necessaires que par l'une de ces regles:--L'antecedent
pose, le consequent suit,--ou--l'affirmation et la negation sont
reciproquement opposees. Et ces regles n'existent elles-memes qu'en
vertu du principe de contradiction. Or ce principe, c'est, dans les
choses, que toute chose qui est, des qu'elle est, est necessairement;
ce qui ne veut pas dire que toute chose soit necessairement. Ce qui est
necessaire, c'est qu'une chose soit ou ne soit pas. Entre deux choses
qui s'excluent, l'alternative est necessaire; mais ni l'une ni l'autre
n'est necessaire. Ainsi le principe de contradiction, necessaire en
lui-meme, n'est que d'une necessite conditionnelle dans les choses.
La necessite nait dans les choses, la condition une fois remplie.
Necessairement, il y aura demain ou il n'y aura pas de combat naval;
cela ne veut pas dire qu'il y aura necessairement demain un combat
naval, et que necessairement il n'y en aura pas. Cela ne veut pas dire
que soit qu'il y en ait, soit qu'il n'y en ait pas, ce qui arrivera sera
necessaire; ce qui est necessaire, c'est qu'il y ait ou ceci ou cela,
c'est l'alternative. Et pourquoi? parce que, s'il y a un combat
naval, necessairement il n'est pas vrai qu'il n'y en ait pas, et
reciproquement. Cette necessite ainsi entendue respecte l'existence des
futurs contingents. Or, ce qui vient d'etre dit des faits s'applique
aux propositions. Une proposition au futur comme au present est
necessairement vraie ou fausse; mais elle n'est pas pour cela d'une
verite necessaire ou d'une fa
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