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effet si des choses futures l'une arrivait necessairement et l'autre
necessairement n'arrivait pas, c'en serait fait de toute alternative,
comme de toute prudence humaine et de tout dessein. A moins qu'on ne
dise que cela meme ne serait pas un resultat necessaire. Il se pourrait
que les choses necessaires arrivassent par conseil ou savoir-faire, que
le conseil et le travail fussent eux-memes necessaires, et tout irait
de meme. Aristote ne le nie pas; mais il dit que ce sont des causes
efficaces de choses futures. "Nous voyons, dit-il, que les choses
futures ont un principe, et la preuve en est dans notre deliberation et
notre action[487]. C'est ce qui n'arriverait pas si l'evenement etait
necessaire."
[Note 487: _Hermen._, IX, 10.]
En definitive, voici comment le second consequent peut etre montre faux.
Si parce que ceci arrivera de necessite, ceci ne doit pas arriver par
conseil et entreprise, et si parce que la chose arrivera necessairement
par ces moyens, elle ne doit reellement pas arriver par ces memes
moyens, il suit que si elle arrive necessairement par ces moyens, elle
n'arrivera pas necessairement par ces moyens, proposition evidemment
absurde. En d'autres termes, dire qu'une chose a laquelle la
deliberation et le dessein ont preside arrivera necessairement, c'est
dire que la deliberation et le dessein n'y seront pour rien; mais c'est
dire en meme temps qu'elle arrivera necessairement par deliberation et
par dessein; ce qui est dire qu'elle n'arrivera point par deliberation
et par dessein; ce qui est nier et affirmer en meme temps[488].
[Note 488: _Dial._ para II, p. 280-294.]
Remarquons dans cette longue digression deux choses, la pensee et la
methode. L'une est juste, l'autre singuliere.
En effet, ce que l'auteur defend, c'est la cause du libre arbitre, et il
la defend par les arguments de fait, les meilleurs de tous. Le conseil,
la prudence sont utiles, sont estimes; la deliberation est naturelle; la
volonte libre ne va pas sans un jugement; elle est vraiment libre, parce
que c'est une force subordonnee a la raison. Cependant Dieu sait tout,
il prevoit tout. Sa prescience accompagne et devance tous les actes de
notre liberte. Nous ne sommes donc pas libres; car nous ne pouvons agir
autrement qu'il ne l'a prevu sans lui faire perdre son infaillibilite.
Objection embarrassante a refuter logiquement, quoiqu'elle n'ait jamais
cause a qui que ce soit une perplexite veritable. Abelard fait la
rep
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