providence ne les a prevues, et que cependant
il n'en resulte pas qu'elle puisse etre trompee. Car si les choses
avaient du arriver autrement, autre eut ete la providence de Dieu. Ce
meme evenement s'y conformerait; Dieu n'aurait pas _cette providence_,
mais une autre qui concorderait avec un autre evenement. Suivant que
la regle de la solidarite du consequent avec l'antecedent est entendue
d'une facon ou d'une autre, elle est vraie quand l'antecedent lui-meme
est vrai, elle est fausse quand il est faux. Ainsi, il y a verite si
l'on entend que ces mots: _autrement que Dieu ne l'a prevu_, sont la
determination du predicat _est possible_, en ce sens qu'_une chose qui
arrive est possible autrement que Dieu ne l'a prevu_. Car Dieu aurait
toujours la puissance de prevoir autrement l'evenement. Mais il y a
faussete si, au contraire, ces mots sont la determination du sujet _une
chose qui arrive_, et si l'on dit qu'_une chose qui arrive autrement que
Dieu ne l'a prevu est possible_; car c'est une proposition qui affirme
l'impossible. _La chose qui arrive autrement que Dieu ne l'a prevu_,
voila le sujet dans son entier; _est possible_, voila le predicat. C'est
dire: Il est possible qu'une chose arrive autrement qu'elle n'arrive.
La theorie de la proposition modale enseigne de quelle importance c'est
pour le sens d'une proposition que les determinations appartiennent aux
predicats ou appartiennent aux sujets.
Mais revenons a l'argument fondamental, c'est-a-dire a l'application du
principe de contradiction aux propositions futures.
Si de toutes les affirmations et negations il est necessaire que l'une
soit vraie, l'autre fausse, il est necessaire que des deux choses
qu'elles disent l'une soit et l'autre ne soit pas.--Entendez-vous qu'a
une seule et meme proposition le vrai appartienne toujours? cela ne peut
se dire, car aucune ne conserve la verite par preference: tantot l'une,
tantot l'autre est vraie, ce qui est dire que la meme est tantot vraie,
tantot fausse. Mais si vous ne vous attachez pas exclusivement a une
seule, si vous les prenez toutes deux indifferemment, et que ce soit
reellement l'une ou l'autre qui soit la vraie ou qui soit la fausse,
l'argument est juste. Ainsi l'entend Aristote. "Il est necessaire que
l'une soit vraie, que l'autre soit fausse," ne veut pas dire: l'une
est necessairement vraie, l'autre necessairement fausse; mais il est
necessaire que l'une ou l'autre soit vraie, ou bien que l'une ou l'autre
s
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