e, les propositions qui enoncent un tel evenement sont vraies
ou fausses indeterminement ou, pour mieux dire, d'une verite ou d'une
faussete indeterminee. Mais cette indetermination n'est relative qu'a
l'evenement qu'elles enoncent. Dans l'avenir, c'est-a-dire dans un
present qui n'est pas encore, de l'affirmation ou de la negation de
l'evenement, l'une sera vraie et l'autre fausse; voila qui est determine
et certain. Rien ne l'est que cela avant l'evenement. Au present meme
l'evenement peut etre determine, et la verite de la proposition rester
indeterminee. Par exemple, pour la science humaine, le nombre des astres
est inconnu; on ne sait s'il est pair ou impair; cependant c'est chose
deja determinee dans la nature. Il faut donc distinguer la certitude de
la verite. Il n'y a de determine, quant a la certitude, que ce qui peut
se connaitre de soi. Si l'on objecte que, bien que de la verite d'une
proposition l'evenement reel ne paraisse pas pouvoir etre infere,
cependant la certitude de l'une engendre celle de l'autre, parce que si
l'antecedent est certain, certain est le consequent; cela peut etre vrai
quant a la certitude, mais non quant a la determination. Des futurs
contingents peuvent etre certains, mais non determines. Or ce sont les
seuls futurs dont parle Aristote, car lorsqu'un futur est determine par
la nature de la chose, il assimile la proposition a une proposition
au present. On peut appeler futur ce qui est necessaire; car le
necessairement futur sera toujours futur ou ne sera jamais present, et
ce qui ne sera jamais present n'est point futur. Tout futur sera present
un jour. Il n'est pas meme vrai que tout ce qui sera toujours futur ne
sera jamais present; car le meme peut etre egalement futur et present,
quant a la meme chose: comme l'est, quant au fait d'etre assis, celui
qui s'est deja assis et qui s'asseoira; comme le ciel, qui doit toujours
tourner et qui tourne toujours; comme Dieu, qui toujours fut, est et
sera.
Or, quoique aucune proposition au futur contingent ne soit vraie ou
fausse _determinement_, cependant ce qui est determine et necessaire,
c'est que de toutes les divisions de la proposition une soit vraie et
une autre fausse: "_Socrate lira, Socrate ne lira pas_." Aucune, dit-on,
n'est vraie, aucune n'est fausse. Dites qu'on ne peut le savoir, mais
rien de plus. Nous ne savons pas si le nombre des astres est pair; mais
s'il est pair, la proposition: _Les astres sont en nombre pair_, est
vra
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