s ouvrages. Cependant il est remarquable qu'Abelard
montrait pour Platon, qu'il connaissait si peu, plus de deference encore
et de penchant. A propos de la relation, il rappelle, sur la foi de
Boece, que Platon avait donne une definition recue, puis critiquee et
reformee par Aristote. Cette definition portait que les relatifs sont
les choses qui peuvent etre assignees les unes aux autres d'une facon
quelconque par leurs propres, comme un nom assigne a un autre par le
genitif. Mais Aristote, en examinant mieux cette definition, la trouva
trop large. "Il osa corriger l'erreur de son maitre, et se fit le maitre
de celui dont il se reconnaissait le disciple." Il donna donc cette
definition: "Il y a relation quand une chose n'est que par rapport a une
autre;" c'est-a-dire quand une chose n'existe que par une autre[475].
Beaucoup de choses peuvent etre rapportees a d'autres sans que l'etre
des unes depende de l'etre des autres. _Le boeuf de cet homme_ n'exprime
pas un rapport pareil a celui qui est exprime par _l'aile de l'aile_,
car sans _aile_ il n'y a plus d'_aile_, et _l'homme_ existe sans _le
boeuf_. Si la definition de Platon, convenant a tous les rapports, est
trop large, on a trouve celle d'Aristote trop etroite, et l'on a dit
qu'elle n'embrassait point la relation dans sa plus grande generalite.
"Mais," observe Abelard, "si nous nous hasardons a blamer Aristote le
prince des peripateticiens, quel autre adopterons-nous donc?" et il
s'applique a justifier le maitre qui lui reste.
[Note 475: Je traduis ici les deux definitions sur le texte
d'Abelard (_Dial_., p. 201), l'une: "Omnia illa _ad aliquid_ quaecumque
ad se invicem assignari per propria quoque modo possent. (Platon?)
Sunt ea _ad aliquid_ quibus est hoc ipsum esse ad aliud se habere."
(Aristote.) Boece, qui nous apprend qu'on croyait la premiere
definition de Platon, les donne toutes deux plus clairement et plus
correctement:--"1 deg. _Ad aliquid_ dicuntur quaecumque hoc ipsum quod sunt
aliurum esse dicuntur, vel quomodo libet aliter ad aliud.--2 deg. Sunt _ad
aliquid_ quibus hoc ipsum esse est _ad aliquid_ quodam modo se habere."
(_In Praed_., p. 155 et 169.) M.B. Saint-Hilaire traduit d'une maniere
plus conforme au texte d'Aristote en disant: 1 deg. "On appelle relatives
les choses qui sont dites, quelles qu'elles soient, les choses d'autres
choses, ou qui se rapportent a une autre chose, de quelque facon
differente que ce soit.--2 deg. Les relatifs sont les c
|