rminee. La consequence apparente de tout
cela, c'est que les degres metaphysiques sont des degres ontologiques,
et que notamment les genres et les especes sont des realites.
Cette consequence semble inevitable, et cependant qu'on y reflechisse.
D'abord que devient le principe d'Aristote qu'aucun universel n'est
substance[422]? Les genres et les especes sont des universaux, et voila
qu'on leur decerne l'existence substantielle! Il ne s'agit plus cette
fois d'un universel a part et supreme comme l'est la substance; il
s'agit de toutes les sortes d'universels. A-t-on quelque artifice pour
concilier le principe d'Aristote avec l'autre principe qui veut que
l'existence soit partout ou il y a matiere et forme?
[Note 422: [Grec: Ouden ton katholon uparchonton ousia esti.]
(_Met._, VII, XIII. T. II et p. 9 dans la trad.)]
Puis, y a-t-on bien pense? qu'est-ce, par exemple, qu'un genre ayant une
existence reelle et distincte comme genre, qu'un animal qui n'est aucune
espece, ni homme, ni quadrupede, ni oiseau? Qu'est-ce qu'une espece
existant substantiellement, avant qu'il y ait des individus? Qu'est-ce
que l'homme qui n'est encore ni Socrate, ni Platon, ni aucun autre, et
qui existe cependant substantiellement comme eux? La raison n'admet
point cela; le sens commun se revolte. Si les genres et les especes ou,
pour mieux dire, les universaux existent autant que les individus, il
faut que ce ne soit pas comme les individus; il faut que ce soit d'un
mode d'existence particulier que nous n'avons encore ni defini, ni
devine; mais alors quel mode d'existence? La solution de la question
n'est pas a notre charge. A l'exprimer seulement, on en apercoit dans le
systeme admis toute la difficulte, et l'on voit en meme temps que cette
difficulte et peut-etre la question meme proviennent des premisses
posees dans les generalites de la dialectique, et resultent des notions
ou des locutions qu'elle adopte pour determiner les conditions
absolues de l'etre et la classification methodique de ses degres de
transformation. C'est ici qu'il y a vraiment un depart a faire entre la
science des choses et celle des mots.
Voila dans sa premiere generalite la question qui a valu a l'esprit
humain des siecles d'efforts et d'angoisses.
La question en elle-meme etait soluble. Mais comment n'aurait-elle pas
ete obscure et douteuse, du moment qu'elle etait posee dans la langue de
la dialectique, et compliquee tout a la fois par les principes et les
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