l appelle aussi ses
Topiques. Mais quelques passages prouvent que ceux de Ciceron ne lui
etaient pas inconnus.
[Note 456: A plus forte raison, ne connait-il pas la traduction
d'une plus grande partie de l'Organon qu'aurait faite, dit-on, Jacques
de Venise en 1128. (Jourdain, _Recherches_, etc., p. 58.)]
Ce catalogue, qu'il nous donne lui-meme, confirme bien ce que des
investigateurs exacts, et notamment Jourdain, pensaient de l'exiguite de
la bibliotheque scientifique de cette epoque. Il faut y ajouter le Timee
de Platon dans la version de Chalcidius et les Categories dites de saint
Augustin[457].
[Note 457: _Ab. Op., Introd. ad. theol._, p. 1007.--Ouvr. Ined.,
_Dial._, p. 193.--M. Cousin a bien trouve, dans un manuscrit du XIIe
ou XIIIe siecle, une traduction inedite du Phedon; mais rien n'annonce
qu'elle fut connue du temps d'Abelard, et d'autres faits indiquent que
c'est precisement dans les dernieres annees de sa vie et apres lui qu'un
plus grand nombre d'ecrits d'Aristote et de Platon commencerent a etre
repandus. (_Fragm. phil._, t. III, Append. VI.--Cf. Johan. Saresb.,
passim.)]
Voila les monuments de la philosophie ancienne dans la premiere moitie
du XIIe siecle; car on doit croire qu'Abelard connaissait tous les
ouvrages qui etaient en circulation dans les Gaules, la Grande-Bretagne,
la partie lettree de la Germanie, et peut-etre meme l'Italie. Sans doute
les choses changerent bientot, et Jean de Salisbury, par exemple,
avait deja dans les mains un plus grand nombre d'ecrits de Platon et
d'Aristote. De meme aussi, longtemps avant Abelard on avait pu connaitre
d'autres livres retombes plus tard dans l'oubli; car enfin les
manuscrits en existaient quelque part. Ainsi Bede, au VIIIe siecle,
citait de nombreux passages des principaux ecrits d'Aristote. Au XIe,
Scot Erigene peut, comme on le dit, avoir commente sa Morale; mais deux
cents ans apres lui, l'original et le commentaire etaient comme ignores.
On a parle des commentaires de Mannon ou Nannon de Frise, sur l'Ethique,
le _de Coelo_, le _de Mundo_, sur les Lois et la Republique de Platon;
mais on pretend seulement qu'ils existaient dans les bibliotheques de la
Hollande, et non pas qu'ils aient jamais ete fort repandus. On voit dans
Gunzon, qui n'etait pas un erudit mediocre pour le Xe siecle, qu'il
connaissait l'Hermeneia, le Timee, les Topiques de Ciceron et Porphyre;
mais tout cela etait egalement connu d'Abelard. Le temoignage du
dernier est donc t
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