nt incorporelles. Des notions generales en elles-memes
n'ont aucun corps; des idees eternelles sont des formes immaterielles.
Et, dans tous les cas, selon Aristote, puisqu'elles existent comme
notions dans l'esprit qui les concoit, a ce titre elles existent
separees des choses; mais comme attributs dont les notions ne sont que
la representation, elles existent dans les choses, elles coexistent
avec elles; elles sont dans la _matiere formee_, puisque les idees
universelles ne sont que les notions des modes et attributs des choses.
Les stoiciens ne leur concedent meme pas cette coexistence avec les
choses, les representations etant plutot relatives a la faculte
representative qu'a l'objet represente. Selon Platon, comme idees, elles
existent hors des choses; elles existent ou du moins elles ont leur
principe en Dieu[429]. Comme formes des choses, elles existent dans les
choses. Elles sont a ce titre les images des idees, mais les essences
des etres; et les essences reelles participent a leur principe et
representent, chacune, dans le sensible, leur idee qui est comme leur
exemplaire eternel; ainsi les essences tiennent aux idees par la
_participation_ ([Grec: methexis]), et cependant les idees sont separees
([Grec: choristai]).
[Note 429: Platon dit bien dans la Republique que Dieu est le
principe des idees (Rep., X), et il y a quelque chose de cela dans
le Timee. Cependant ce sont des interpretes de Platon, Alcinoues et
Plutarque, qui ont enonce plus formellement que les idees etaient les
pensees de Dieu. Il est au moins douteux que telle soit la doctrine
platonique. Voyez l'argument du Timee par M. Henri Martin (_Etud. sur
le Tim._, t. 1, p. 6), la preface de la traduction de la Metaphysique
d'Aristote, t. 1, p. 42 et cette Metaphysique meme, l. VII, c. XIII et
XIV; l. XIII, c. IV, V, X.]
Cette controverse etait presente a l'esprit de Porphyre. Il declare
qu'il n'y veut pas entrer, c'est une affaire trop difficile ([Grec:
Bathutataes pragmateias]), une trop grande recherche ([Grec: meizonos
exetaseos]). Il la connait bien, mais il veut, dit-il, exposer surtout
ce que les peripateticiens ont enseigne touchant le genre et l'espece.
Deux siecles apres Porphyre, Boece a commente deux fois son ouvrage, une
premiere dans la traduction peu litterale de Victorinus, une seconde
dans la traduction plus exacte qu'il a lui-meme donnee[430].
[Note 430: Boeth., _in Porph. a Victorin. transl._, Dial. 1, p.
7.--_In Porph. a s
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